Projet Swedd. Le Bénin et d’ailleurs tous les pays africains ne peuvent jouir à suffisance et convenablement de la plénitude de leur potentiel de croissance économique sans avoir une maîtrise absolue du dividende démographique. Conscient de cette réalité, le gouvernement du président Patrice Talon a saisi la balle au bond en adhérant au vaste projet Swedd « Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel au Bénin ».
Le concept du capital humain
Le capital humain, selon Schultz et Becker qui en sont dépositaires, est un concept complexe, juxtaposant les compétences innées et acquises via l’éducation, l’expérience ou la formation. Le capital humain, selon le Dr Jean-Baptiste Oga du Consortium régional pour la recherche en économie générationnelle (Creg), est appréhendé par les capacités productives, l’accumulation de connaissances ou de savoir-faire généraux ou spécifiques, les compétences accumulées, l’investissement des entreprises. Il est supposé jouer un double rôle : le rôle du stock de compétences et celui du stock de connaissances. Selon les auteurs du capital humain, un accent particulier doit être mis sur la formation et la santé. Et c’est justement ce qui amène le fondateur de l’économie moderne, Adam Smith, à parler de l’importance de l’investissement dans l’éducation et la formation. Les différents types de ‘’capital humain’’ affectent le bien-être par le biais de divers canaux et produisent de multiples retombées. Lesquelles retombées peuvent avoir un caractère économique ou non-économique, individuel ou collectif. Dans les écrits de Amartya Sen, économiste indien, spécialiste international des questions de développement, prix Nobel d’économie à qui l’on doit l’invention de l’Indice de développement humain (Idh), il est constaté un élargissement de la théorie du capital humain. L’auteur conçoit l’éducation comme le pouvoir qu’a l’individu sur sa propre vie qui semble être plus adaptée à l’économie du développement. Il valorise le bien-être et les avantages qu’une personne peut retirer par ses capacités à effectuer un certain nombre d’actes. En résumé, l’on comprend que l’éducation, la santé et le bien-être sont les principales composantes du capital humain. Selon l’Ocde 1998, en sa page 9, le capital humain est constitué par les connaissances, qualifications, compétences et autres qualités possédées par un individu et intéressant l’activité économique. Les économistes aux Usa et en Europe ont montré de façon empirique qu’une part de la croissance économique était imputable au capital humain. En un mot, il concerne l’ensemble des compétences, des savoirs et de savoir-faire acquis par un individu augmente sa capacité productive.
L’Indice du développement humain élargi: cas du Bénin
Dans une communication intitulée : Indice du développement humain élargi (Idhe) : concepts, définitions des indicateurs, et liens avec les Odd, le Dr Jean-Baptiste Oga (Lareg/Bénin) a expliqué que l’Idhe est un indicateur synthétique qui donne le niveau élargi de développement humain et s’inspire de la méthode de calcul de l’Idh classique et intègre la fécondité dans la sous-dimension santé. Ainsi, on retient que l’Idhe est fonction de santé, d’éducation et de niveau de vie. Il est exprimé aux niveaux régional, département, etc. et permet de déterminer le déficit d’un pays en matière de développement élargi avec la formule 1-Idhe. Prenant la sous-dimension santé, il a fait savoir que l’espérance de vie à la naissance est l’âge moyen où décéderait une génération qui subirait de sa naissance à sa disparition les conditions de mortalité de l’année d’observation et qu’au Bénin l’espérance de vie à la naissance est de 61, 2 ans. Il poursuit son commentaire en faisant comprendre que l’Indice synthétique de fécondité (Isf) est le nombre moyen d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie dont les conditions de fécondité du moment permettent de mesurer la vitalité démographique d’un pays. Aussi peut-on noter que la sous-dimension éducation comporte la durée moyenne de scolarisation qui n’est rien d’autre que le nombre d’années qu’un adulte passe en moyenne en éducation et que la durée attendue de scolarisation ou de l’espérance de vie sociale est le temps moyen qu’un enfant en âge de scolarisation espère recevoir dans le futur. Concernant la dernière sous-dimension de l’Idhe, le niveau de vie, il est approximé par la consommation par tête en lieu et place du Revenu national brut (Rnb) par tête. Selon la théorie de Keynes, le niveau de revenu explique la consommation et le niveau de consommation permet à la fois de capter le niveau de vie des individus et leur bien-être.
L’Idhe 2019 du Bénin est de 47,4% (57,2% pour le niveau de vie, 32,8% pour l’éducation et 56,5% pour la santé). Du graphique, on peut déduire aisément que c’est l’éducation qui entrave la performance du Bénin en matière de développement du capital humain étendu. Ce même constat est fait lorsqu’on fait une étude comparative de l’Idhe de 2015 (47,9%) et celle de 2019 (47,4%). Une comparaison poursuivie nous montre le littoral (73,5%) en tête des 12 départements que compte le Bénin.
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(Suite dans la prochaine parution)