La galerie Arts vagabonds a abrité une conférence de presse le lundi 16 juin 2025 à Cotonou. C’est dans le cadre des premières Rencontres contemporaines de Cotonou. L’événement a réuni artistes, collectionneurs et passionnés d’art contemporain pour célébrer la création africaine dans toute sa diversité à travers les œuvres de six jeunes artistes africains.
Six jeunes artistes venus de divers pays africains ont été sélectionnés pour une résidence de deux semaines à Cotonou, durant laquelle ils ont laissé libre cours à leur créativité. Leurs œuvres, fruit de cette immersion artistique, ont été exposées au public dans une ambiance de partage et de découverte. Parmi eux, Ibrahim Traoré, artiste malien, s’est inspiré d’une tradition ancienne pratiquée au Mali durant le mois de Ramadan, les « Yogoro », où les enfants véhiculent des messages souvent négligés par les adultes. « Ces enfants sont ma source d’inspiration. À travers eux, je questionne l’unicité, le thème central de ces rencontres », a-t-il déclaré. Pour sa part, Christelle Adjetey, artiste centrée sur les questionnements humains, a salué cette opportunité : « Ma démarche explore les déviances humaines et la capacité de l’homme à évoluer. Cette résidence à Cotonou m’a permis de continuer cette quête dans un contexte stimulant ».
Une plateforme pour renforcer l’écosystème artistique local
Christel Gbaguidi, directeur de la galerie Arts vagabonds et commissaire général de l’événement, a rappelé les objectifs de ces rencontres : « L’année dernière, nous avons lancé l’édition zéro pour amorcer une réflexion sur la profession. Aujourd’hui, nous voulons structurer un véritable marché de l’art local, au sein d’un pays de 14 millions d’habitants où l’art est encore trop peu valorisé ». Il insiste sur la nécessité pour les artistes de se rendre visibles dans leur propre pays, et pour le public de reconnaître et soutenir cette création locale. « Les Rencontres contemporaines sont un cadre de dialogue, d’échange, mais aussi de création. Nous avons eu des résidences, des masterclass avec des experts venus de la Suisse et du Sénégal… », ajoute-t-il. Le thème de cette édition, « L’unicité », est profondément lié à une interrogation sur la fraternité et les rapports humains au sein de la société béninoise. « Comment nous unir autrement ? Comment repenser la solidarité ? », questionne Christel Gbaguidi.
Un soutien engagé d’artistes de renom
Présent à cette conférence, Barthélémy Toguo, artiste camerounais de renommée internationale, a souligné l’importance de soutenir la jeune génération. Il a fait le choix de participer à l’événement au Bénin plutôt qu’à la foire internationale Art Basel 2025 à Bâle. « Christel Gbaguidi porte un projet culturel innovant pour le Bénin. Il était important pour moi d’être ici, de rencontrer les jeunes artistes et de partager mon expérience. Le parcours artistique, c’est du travail, de la persévérance, et une réflexion sur des thématiques universelles », a-t-il affirmé. Barthelemy Toguo encourage les jeunes créateurs à dépasser les références strictement locales pour s’inspirer des enjeux mondiaux. « Les artistes de la Renaissance parlaient de la peste. Aujourd’hui, nous devons parler du sida, de l’Ebola, des conflits contemporains. Il faut être des artistes de notre temps », a-t-il conclu.
Léonce Adjévi