Les rideaux sont levés sur l’édition 2024 des Rencontres internationales de la Bande dessinée qui s’organisent actuellement au Bénin en marge du mois de la Francophonie. Les activités qui se tiennent sur plusieurs jours ont été ouvertes par une conférence et le vernissage de l’exposition « Bande dessinée en Afrique francophone – une génération émergente» déroulés le mercredi 27 mars 2024 à Cotonou.
Du 26 au 30 mars 2024, le Bénin sera le point d’attraction des professionnels, amateurs et passionnés du 9ème art. Ces rencontres internationales de la Bande dessinée se déploient dans trois villes du Bénin dont Cotonou, Abomey-Calavi et Porto-Novo en plusieurs temps forts dont une conférence, des expositions, des panels, des ateliers et une vente dédicace. Portée sur le thème « Imaginaires linguistiques et francophonie dans la Bande dessinée en Afrique francophone », la conférence animée par Zineb Benjelloun et Catmouse a été une occasion pour les deux artistes d’exposer leur vision sur l’importance de la langue française dans la Bande dessinée et la place de cette dernière en Afrique francophone. Selon la dessinatrice malgache, Catmouse James, la langue française lui permet de mieux s’exprimer sur certaines thématiques dont la politique, les réalités et l’histoire « J’ai une certaine liberté quand j’écris ou dessine en français qu’en malgache », a-t-elle indiqué. Toutefois, elle a évoqué un contraste entre la disponibilité des Bandes dessinées en français et le lectorat qui, selon elle, décroît en raison du contexte socio-économique et du niveau de l’alphabétisation. Mieux, Catmouse a expliqué que certaines réalités culturelles, histoires ou références ne peuvent pas être écrites en français. A sa suite, Zineb Benjelloun a confié que dans ses projets, elle accorde une place aux langues. « La Bande dessinée a de beaux jours devant elle en Afrique avec la disponibilité des écrivains, des dessinateurs et des scénaristes, mais le circuit est fragile avec un important taux d’analphabétisme et l’absence des maisons d’édition spécialisées », a soulevé Zineb Benjelloun. Des explications ont permis aux participants d’avoir des acquis sur la place de la francophonie dans la Bande dessinée.
Des œuvres de treize artistes dessinateurs exposées
Le deuxième temps fort de la soirée est le vernissage de l’exposition « Bande dessinée en Afrique francophone – une génération émergente» en collaboration avec le festival Quai des Bulles. Cette exposition présente le travail de treize auteurs africains de bande dessinée originaires de plusieurs pays. Il s’agit de Florent Kassaï, Nandy Diabaté, Catmouse, Juni Ba, Gunther Moss, Adjim Danngar, Sayane Kid, Elyon’s, Reine Dibussi, Zineb Benjelloun, Gjimm Mokoo, Judith Kaluaji, Issiaka Galadima et Just Loui. Leurs productions faites à base de différents styles, propos et inspirations, seront ouvertes au public féru des Bandes dessinées pendant des jours. Selon Laura Maclet, Attachée de coopération pour le français, les rencontres de la bande dessinée francophone, une initiative ouverte, fédératrice et dynamique, s’inscrivent dans deux cadres dont le projet Ressources éducatives que pilote l’Institut français du Bénin et le mois de la francophonie. A l’en croire, ces rencontres répondent à la question des usages de la langue française dans les dynamiques et dispositifs de création, dans les œuvres et leurs promotions-usages en différents pays et contextes linguistiques, usages en mouvement d’une part. D’autre part, la question de l’intégration de la littérature de jeunesse dans les apprentissages au Bénin et plus globalement en Afrique, au sein des programmes et des accompagnements périscolaires sera au menu. Il faut noter que depuis une dizaine d’années, la Bande dessinée en Afrique connait une période favorable en raison de la baisse des coûts d’impression, d’une diffusion plus maîtrisée, de l’émergence de micro-éditeurs locaux, un marché local émerge, très dynamique.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)