La gestion des primes de rentrée et le reversement des Aspirants au métier d’enseignant (Ame) des Ame en Agents contractuels de droit public de l’Etat (Acdpe) semblent être les deux principales pommes de discorde entre le gouvernement et les partenaires sociaux en cette veille de rentrée. Les syndicats dénoncent la lenteur du gouvernement dans le processus de reversement des Ame en Acdpe et fustigent l’annonce de saucissonnage des primes de rentrée faite par un membre du gouvernement. Des questions qui si, rien n’est fait, pourraient affecter le bon déroulement de la rentrée scolaire 2023-2023.
Noël Chadaré: « Nous ne pouvons pas accepter le saucissonnage des primes »

A moins de trois semaines de la rentrée des classes, gouvernement et partenaires sociaux sont divisés sur la gestion des primes de rentrée. Lors d’une sortie qu’elle a effectuée jeudi 24 août 2023, la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin) a sonné le tocsin relativement au saucissonnage annoncé des primes de rentrée. Le Secrétaire général de ladite organisation, Noël Chadaré, revient ici sur les tenants et aboutissants de la sonnette d’alarme tirée par son organisation et met en garde le gouvernement. Lire ses propos.
Le Matinal : Pourquoi vous prêtez des velléités de saucissonnage des primes de rentrée au gouvernement ? N’allez-vous pas très vite en besogne sur cette question ?
Noël Chadaré : Nous ne prêtons pas de velléités de saucissonnage au gouvernement. Nous avons des informations de sources dignes de foi. Le ministre des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou, a également opiné à ce sujet sur les réseaux sociaux. Il a notamment dit que certaines primes vont être payées dans leur entièreté et d’autres vont être saucissonnées. C’est ces propos qui sont passés en boucle qui nous amènent à dire que le gouvernement veut saucissonner les primes. Donc, vous voyez qu’il n’y a pas de velléités qu’on prête au gouvernement. Il y a un des acteurs importants qui l’a dit et nous élevons une vive protestation contre cela. C’est cela que vous devez comprendre parce que l’institution de ces primes n’est pas l’œuvre du pouvoir de la Rupture. C’est du temps du président Kérékou et l’esprit qui a présidé à l’institution de ces primes est de permettre aux enseignants d’avoir un minimum pour pouvoir effectuer la rentrée. Rien ne justifie cette décision étant donné que les primes sont catégorisées. Nous avons les primes de nuit, les primes de rendement ou gratification qui sont les primes de l’année scolaire 2022-2023, et ensuite les deux autres primes qui sont les primes de rentrée qui sont payées à la rentrée comme leur nom l’indique. Ensuite, il y a des primes de journée pédagogique qu’on paye le jour où on effectue la journée pédagogique. Donc, c’est des primes qui sont payées séance tenante le jour de la journée. Il y a enfin la prime de zone déshéritée pour encourager les enseignants à aller dans les zones déshéritées. Lesquels enseignants qui ont déjà fait le travail pour l’année 2022-2023. Donc, rien à priori ne justifie le saucissonnage annoncé et leur fractionnement sur les salaires mensuels. Ce n’est pas juste. En plus, c’est fait de façon inélégante. Il n’y a pas eu de discussion avec les partenaires sociaux. Ce qui est fait pour nous sans nous, est contre nous. Nous ne pouvons pas accepter cela. Le gouvernement ne doit pas aller chercher des problèmes là où il n’y en n’a pas.
Qu’allez-vous faire si le gouvernement passait outre votre alerte ?
Si le gouvernement procède autrement, la balle est dans le camp des enseignants qui doivent se mobiliser pour dire non. La Cosi-Bénin les invite à se mobiliser pour dire non. Nous ne pouvons pas rester tranquille sous un arbre où nous allons recevoir des fientes. Il faut bouger et les enseignants doivent se mobiliser. La balle est dans leur camp si le gouvernement ne fait pas ce qu’il doit faire.
Sur la situation des Ame, que reprochez-vous concrètement au gouvernement ?
Nous avons simplement observé qu’il y a un retard, qu’il y a une lenteur dans le démarrage du processus de reversement des Ame en Agents contractuels de droit public de l’Etat (Acdpe). Il s’agit des Ame qui ont déjà fait trois années comme on a convenu. C’est le silence radio autour. Un des ministres a annoncé qu’il y aura une formation en juillet et en août, deux formations à l’issue desquelles, il y a aura une évaluation qui va permettre de les reverser mais juillet est passé, août est en train de finir et rien n’est fait. Nous ne comprenons pas pourquoi il y a cette lenteur dans le démarrage du processus de reversement annoncé. Il ne s’agit pas d’un reproche, c’est un constat et c’est juste pour tirer sur la sonnette d’alarme pour que le gouvernement comprenne qu’on est à trois semaines de la rentrée pour sortir ceux qui remplissent les conditions de la précarité et d’avoir un contrat de longue durée.
Avez-vous mené les démarches pour connaître les raisons qui expliquent cette situation ?
Nous avons juste posé le problème au gouvernement. En principe, c’est le gouvernement lui-même qui devrait faire les diligences nécessaires. Nous leur avons juste dit que les choses trainent et que nous n’avons pas le retour. Nous attendons de voir ce qu’ils veulent faire concrètement. Nous fustigeons le manque de communication du gouvernement autour du sujet.
Un mot pour conclure cet entretien
Je souhaite à tous les enseignants d’effectuer une bonne rentrée. Mais avant, de profiter de ces dernières semaines de vacances pour préparer et retoucher leurs fiches en tenant compte de ce qu’ils ont constaté au cours de l’année écoulée. Je leur souhaite une bonne préparation pour de meilleures prestations dans les classes et en même temps de rester mobilisés. Personne ne fera le bonheur des enseignants à leur place.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi
Des inquiétudes sur la promesse de reversement des Ame en Acdpe

Le reversement des Aspirants au métier d’enseignant (Ame) en Acdpe semble avoir du plomb dans l’aile. C’est du moins l’impression qu’ont ces artisans de la craie chez qui cette annonce du gouvernement avait suscité une once d’espoir. Ne voyant rien venir à quelques encablures de la rentrée, les Ame tirent la sonnette d’alarme et invitent le gouvernement à respecter sa promesse. Ferdinand Sourou Missenhoun, porte-parole de la Fédération nationale des collectifs des enseignants pré-insérés du Bénin (FéNacepib) s’est confié à “Le Matinal” sur la question. Ci-dessous, l’intégralité de son interview qu’il a accordée au journal.
Le Matinal : La Cosi a tiré la sonnette d’alarme par rapport au processus de reversement des Âme en Acdpe le 24 août 2023. Que reprochez-vous concrètement au gouvernement ?
Ferdinand Missenhoun : Le 24 août 2023, la Cosi-Bénin, à travers son Secrétaire général, le camarade Noël Chadaré, a donné de la voix par rapport au reversement des Ame. Si une grande organisation syndicale comme la Cosi-Bénin s’inquiète de la situation, il est donc clair que quelque chose sonne mal ou les choses ne se passent pas comme elles devraient l’être. En effet, il y a un flou au sein duquel se trouve logé le projet de reversement des Ame en Acdpe. D’abord, il était prévu par le gouvernement une formation en août, à l’issue de laquelle les Ame seront reversés. Le mois d’août vient d’expirer et rien n’a bougé. Ensuite, excepté le critère de trois ans d’ancienneté dévoilé par les autorités, les autres critères ne sont pas encore connus jusqu’à ce jour en dépit de l’imminence de la rentrée scolaire 2023-2024 qui se précise. De même, le silence des autorités ministérielles de la Fonction publique, des Enseignements primaire, maternel et secondaire et même de la commission chargée d’étudier les modalités de reversement des Ame en Acdpe à cette veille de rentrée est embarrassant. Enfin, ce qui inquiète davantage, est la non-implication de nos représentants au plus haut niveau ou directs que sont les centrales syndicales dans le processus de reversement. À l’heure actuelle, ils ne peuvent rien dire de concret sur la situation. Vous comprenez donc la crainte de la Cosi-Bénin. Voilà autant de griefs que nous avons contre le gouvernement sur la question de notre reversement en agents contractuels de droit public de l’État. Trop d’attentes tuent l’espoir. La rentrée est dans deux semaines et nous avons besoin de savoir sur quel pied danser afin de nous apprêter, à l’instar des autres catégories d’enseignants.
Vous êtes-vous rapprochés des autorités gouvernementales pour savoir réellement ce qui bloque les choses à ce niveau ?
La Fédération nationale des collectifs des enseignants pré-insérés (FéNaCepib) que je dirige avec le Camarade Pierrot Akodjènou n’a jamais cessé de chercher à comprendre comment se passent les choses. Elle a été d’ailleurs, faut-il le dévoiler, un artisan de ce qui tarde à être concrétisé par le gouvernement : le reversement. Car, la FéNaCepib a régulièrement transmis à la Cosi-Bénin, à l’issue de nombreuses séances de travail à la bourse du travail, le mémorandum de doléances des Ame dont le point principal est le reversement. Nous avons adressé plusieurs demandes d’audience à notre ministère de tutelle pour être informés de comment évolue le processus de reversement mais ces demandes sont restées sans suite jusqu’à ce jour. Vous comprenez donc que notre interlocuteur direct et intermédiaire auprès du gouvernement ne veut pas nous sentir et nous évite sur la question.
Au cas où vous n’obtiendriez pas gain de cause, quelle action entrevoyez-vous pour contraindre le gouvernement aux fins?
Il ne s’agit pas de contraindre le gouvernement à nous reverser. Il s’agit plutôt et surtout de la crédibilité et de l’honneur du gouvernement qu’il se doit de défendre et de sauver. C’est lui qui a pris un engagement vis-à-vis des Ame, vis-à-vis de l’école béninoise et, à notre avis, se doit de l’honorer puisqu’il est là pour le peuple. Nous sommes là pour lui rappeler cet engagement. Nous allons crier sur tous les toits comme des enfants torpillés par leurs propres parents. Nous dirons que la République, notre propre République a tourné le dos à ses propres enfants. Et le gouvernement se rendra lui-même compte qu’il y a un contraste entre le serment prêté et les actes qu’il pose.
Votre mot de fin
Nous voudrions que le gouvernement agisse vite, que le reversement des Ame en Acdpe connaisse véritablement son épilogue. Pour le bonheur du système éducatif béninois. Puisque dans deux semaines, c’est la rentrée des classes. Et la majorité des enseignants qui font la vie du système éducatif ne sait encore à quel saint se vouer.
Propos recueillis par G. G
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