Présentant son bilan au plan social devant la représentation nationale le jeudi 21 décembre 2023, à l’occasion de son discours sur l’Etat de la nation, le président Patrice Talon déclarait que « La revalorisation des salaires dans des proportions historiques, intervenue en décembre 2022, a aidé à atténuer la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs, à défaut de l’améliorer. ». Pour les responsables des centrales et confédérations syndicales, cette réforme a laissé un coup d’inachevé. C’est du moins ce que pense le Secrétaire général de la Confédération des organisations des syndicats indépendants du Bénin (Cosi-Bénin) qui ne fait visiblement pas la même lecture que le chef de l’Etat.
A en croire Noël Chadaré, seuls les fonctionnaires de la fonction publique sont impactés par cette réforme depuis son avènement en décembre 2022. Et pourtant, poursuit-il. «On a promis qu’on va aussi revaloriser les salaires d’autres travailleurs, c’est-à-dire ceux des sociétés d’Etat, les collectivités locales, etc. ». Le syndicaliste estime que c’est une petite partie de travailleurs qui sont impactés par cette réforme. Il expose qu’en terme de pouvoir d’achat, le travailleur béninois ne se porte pas bien étant donné que la grande partie, notamment les travailleurs du secteur privé, ne bénéficient pas de la revalorisation. Noël Chadaré déplore que la revalorisation ait été faite à deux vitesses. Même s’il reconnait que des efforts louables ont été faits par le gouvernement au plan social, allusion faite notamment au projet Arch, à l’assurance-maladie, aux filets sociaux, aux microcrédits octroyés aux femmes, le secrétaire général de la Cosi-Bénin estime que le travailleur béninois vit très mal. Il propose qu’une commission soit mise en place pour se pencher sur le cas des travailleurs qui jusque-là, ne bénéficient pas encore de la revalorisation des salaires. Selon ses explications, cette commission aura pour principale mission, de déterminer l’incidence financière de la revalorisation pour les différents travailleurs de l’administration publique non pris en compte. Pour l’ancien Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin, Pascal Todjinou, la revalorisation des salaires est certes un effort mais il s’apparente à un coup d’épée dans l’eau. « Je suis travailleur à la retraite. La méthode utilisée pour l’augmentation des salaires me semble être une méthode d’employeur. Ceci consiste à valoriser ceux qui travaillent bien sur le terrain aujourd’hui. Je n’ai pratiquement rien obtenu. Je me retrouve avec une portion congrue», a confié, un brin déçu, le syndicaliste dans un récent entretien. Pour rappel, les travailleurs des collectivités territoriales et les agents conventionnés du Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga, attendent depuis décembre 2022 où la mesure de revalorisation des salaires a pris effet, d’en jouir également des fruits. Ces derniers ne cessent depuis lors de battre le macadam et d’inviter le chef de l’Etat à se pencher sur leur situation. La question a même fait l’objet d’une question orale adressée au gouvernement par l’Assemblée nationale. Répondant aux préoccupations des députés, le gouvernement, à travers le ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale, Raphaël Akotègnon, a indiqué qu’une décision spécifique relative à la revalorisation des salaires de cette catégorie de fonctionnaires serait incessamment prise. Depuis lors, les lignes n’ont pas bougé et ces agents attendent toujours leur part du hautement social annoncé.
Gabin Goubiyi