Du 13 au 17 mai 2024, les ambassadeurs de l’Équipe Europe ont organisé une tournée dans le département de l’Atacora. A la fin de la mission, ils ont livré leurs impressions. Lisez…
Sylvia Hartleif, ambassadrice de l’Union européenne: « C’est toujours un plaisir de coopérer avec le Bénin … 34 millions d’euros
Que pouvons-nous retenir au terme de cette visite dans le département de l’Atacora?
Comme vous le savez, nous sommes souvent à Cotonou, Ouidah, Porto-Novo, Abomey-Calavi, mais nous avons aussi des projets dans le Nord du Bénin. Notre objectif est de donner une visibilité à la coopération entre le Bénin et l’Union européenne dans tous les domaines. Avec la décision du gouvernement de pousser l’engagement pour la coopération au développement vers le Nord, nous avons choisi de visiter l’Atacora après l’Alibori. Pour moi, c’est la première fois que j’ai visité ce département et c’est vraiment une grande surprise. J’ai pu aller au contact de la « Route des tata » grâce à la France, la destination touristique de l’Atacora. Nous avons aussi échangé sur le développement socio-économique, sur la situation sécuritaire et la cohésion sociale. Une grande variété de projets a été visitée. En ma qualité d’ambassadrice de l’Union européenne, il est important de souligner notre engagement pour le Nord avec de nouveaux projets. C’est notre réponse à une demande du gouvernement béninois de travailler ensemble afin que la région septentrionale puisse se développer sur tous les plans dont la création des opportunités pour les jeunes, l’autonomisation des femmes, le renforcement du secteur privé. C’est toujours un plaisir de coopérer avec le Bénin à travers le gouvernement pour nos projets au Nord d’un montant de 34 millions d’euros. Dans les mois à venir, nous allons également renforcer les projets visités dans le cadre de notre programme. Il s’agit par exemple du projet allemand. Pour finir, je veux souligner que l’approche du gouvernement de voir la situation dans le Nord de manière holistique est meilleure. Beaucoup d’aspects sont pris en compte. Il s’agit, entre autres, de la sécurité et du développement.
Pensez-vous que vos attentes ont été comblées au terme de cette visite ?
C’est une descente qui a montré qu’il est nécessaire de renforcer notre soutien pour les communautés dans le Nord et de travailler ensemble pour opérationnaliser cette approche globale pour le Nord.
Louisa Ben Abdelhafidh, cheffe de coopération de l’ambassade de Luxembourg : « On essaie de répondre le mieux possible aux attentes»
Vous étiez au contact des populations pour toucher du doigt les projets financés. Quelles sont vos impressions ?
La visite est intéressante, car elle a permis de voir à quel point les projets sont ancrés dans les réalités qui bien que complexes présentent un certain nombre d’opportunités, notamment au niveau de la formation professionnelle pour les jeunes qui est très important pour le Luxembourg, mais aussi dans les projets sur l’environnement, la prévention à toutes formes de violences faites aux enfants. Pour le Luxembourg, nous avons visité le projet « Nourrir Natitingou » qui est une initiative dans laquelle on offre aux personnes qui habitent à Natitingou une option pour se nourrir de façon saine et qualitative avec une forme très forte de la traçabilité de la nourriture. C’est un projet co-financé avec la Belgique. Un authentique partenariat entre deux pays européens et le Bénin pour améliorer les conditions de vie des populations.
Quelles sont les perspectives auxquelles il faut s’attendre au terme de cette visite?
Nous sommes ouverts à toutes discussions avec le gouvernement et nous avons une attention particulière sur la situation sécuritaire au Nord. On essaie de répondre le mieux possible aux attentes de notre contrepartie. De façon spéciale, le Luxembourg a une toute nouvelle relation diplomatique avec le Bénin, car nous nous sommes installés au Bénin il y a juste neuf mois. Nous restons attentifs aux besoins du Bénin.
Joris Jurrïens, ambassadeur des Pays-Bas: « L’accès à l’eau potable aux populations fait partie de nos objectifs »
Des projets financés par les Pays-Bas ont été visités à Natitingou notamment le traitement des eaux de surface par la Soneb. Pouvez-vous nous donner la garantie que d’autres communes de l’Atacora seront impactées dans les mois à venir par d’autres projets ?
L’accès à l’eau potable aux populations fait partie de nos objectifs dans le cadre la coopération avec le Bénin dans le Nord. Nous avons changé notre focus. Notre contribution à la mise en place des infrastructures de base et l’eau potable est importante, car elle est un élément essentiel au développement de toute Nation. Il y a de relations entre les domaines de l’eau, l’agriculture, la santé, l’alimentation. Les activités relatives à la disponibilité de l’eau fait partie intégrante de notre programme de développement économique au profit du Bénin. Nous nous sommes engagés à améliorer les infrastructures de base de l’eau dans six communes dans le Nord dont Natitingou. Nous apporterons notre expertise technique pour avoir des infrastructures de qualité afin de satisfaire aux besoins de base des populations. Nous voulons aussi contribuer à un futur plus durable pour les communautés, notamment les jeunes et les femmes. Nous travaillons pour la sécurité alimentaire et la croissance de la production à l’entrepreneuriat.
Stephan Buchwald, ambassadeur d’Allemagne : « J’étais très content d’avoir finalement vu les projets »
L’Allemagne est un partenaire de taille dans la coopération avec le Bénin avec la mise en œuvre de plusieurs projets. Pouvez-vous nous dire si vos attentes ont été comblées au terme de cette tournée dans le département de l’Atacora ?
J’étais très content d’avoir finalement vu les projets que l’Allemagne finance au Nord du Bénin notamment dans le département de l’Atacora. Sur le terrain, il faut savoir comment se gèrent les projets financés. Nous avons eu à visiter deux projets de la Giz dont celui sur la préservation des forêts et le projet Agir-eau. J’ai découvert une série de connexions entre les deux questions. Il y a de choses importantes dans ce secteur sur lesquelles nous nous concentrons. Il s’agit des énergies renouvelables, des ressources naturelles. Au Bénin, nous finançons des projets dans les volets de la décentralisation, de la bonne gouvernance, le renforcement des petites et moyennes entreprises. Pour cette fois-ci, nous n’avons visité les autres projets, mais ils font partie d’une stratégie d’améliorer la cohésion sociale plus spécifiquement au Nord du pays pour augmenter la résilience des populations locales et rurales dans les régions frontalières. Le projet Rbt-Wap était un projet à l’origine transfrontalier, mais il n’est plus possible de travailler avec les autorités de l’autre côté des frontières. L’objectif reste inchangé.
Marc Vizy, ambassadeur de la France: « Les partenariats entre le Bénin et le France sont multiples »
Nous avons fait le tour des projets financés par la France dont « La route des Tata » qui est d’ordre touristique. Cependant, des défis restent à être relevés. Pour la France qui est un partenaire du Bénin dans le domaine touristique, prenez-vous l’engagement d’investir davantage pour moderniser ce secteur ?
Les partenariats entre le Bénin et le France sont multiples. A travers cette visite qui s’inscrit dans le cadre de la Route de l’Europe, nous avons un message à porter. Nous tenons à confirmer que l’Europe est une réalité et de très loin le premier partenaire non seulement du Bénin, mais aussi d’autres pays d’Afrique. C’est ce qu’il est important de retenir.Si on additionne les actions de l’Union européenne et celles individuelles des États membres, nous sommes le premier partenaire du Bénin. C’est le vrai sens de notre déplacement. Nous sommes dans un monde dans lequel les relations sont complexes. Je pense qu’il était important de dire que le Bénin peut compter sur l’Europe et les États membres de l’Union européenne. Nous avons vu de très beaux projets financés par l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et la Belgique ou les Organisations non gouvernementales.
Que pensez-vous des autres pays qui sont aussi considérés comme des partenaires au développement du Bénin?
Pendant que nous étions sur le terrain, vous ne verrez pas des projets russes. Cela veut dire que le taux de fiabilité relatif à la coopération entre le Bénin et l’Union européenne est élevé. Pour finir, je voudrais le dire une fois encore que contrairement à ce qui se dit, il n’y a aucune base militaire française au Bénin. Les bases militaires françaises au Bénin sont comme des projets russes au Bénin; il n’en existe pas.
Sandrine Platteau, ambassadeur de la Belgique : « L’Union européenne est un partenaire dans la durée… »
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de la tournée ?
J’ai été marquée par la diversité des projets visités; ce qui explique que nous intervenons dans les domaines différents dont la santé, le tourisme, l’agriculture et l’environnement. Il y a une synergie entre les projets. A titre illustratif, le miel fabriqué grâce au projet néerlandais a été retrouvé dans le projet de Luxembourg et celui allemand. Il y a une connexion entre les divers projets qui nous permet de mieux travailler ensemble.
Confirmez-vous que l’Union européenne est un grand partenaire du Bénin?
Nous sommes très présents ici, mais en dépit de ça, l’Union européenne est un partenaire sur la durée. Il y a des Organisations non gouvernementales qui sont au Bénin depuis des années et connaissent les réalités du terrain.
Quel était votre coup de cœur parmi tous les projets visités ?
Je devrais dire un projet belge, mais ce sont les deux projets à Tanguiéta qui m’ont les plus séduits. Il s’agit de l’hôpital St Jean de Dieu à Tanguiéta qui est une référence au Bénin et dans les pays limitrophes malgré que la commune soit difficile d’accès. Le second projet est celui financé par l’Allemagne Rbt-Wap qui s’est consacré à la préservation de la biodiversité à travers la flore et de la faune. Pour finir, les projets belges sont aussi magnifiques.
Propos recueillis par Mohamed Yasser Amoussa (Coll)