Créée grâce au dispositif d’aide à la création de l’Institut français du Bénin, la pièce « La faiseuse d’Anges » de Nathalie Hounvo Yèkpè a été présentée au public à l’espace culturel Le Centre. Elle met en relief le phénomène de l’avortement et de la responsabilité des parents dans l’éducation des enfants.
La problématique des interruptions de grossesse chez les enfants avec pour noyau la responsabilité des parents dans l’éducation des enfants, continue toujours de susciter des vagues d’interrogations dans la société africaine. A travers sa pièce théâtrale « La faiseuse d’anges », la metteuse en scène Nathalie Hounvo Yèkpè revient sur cet épineux sujet après plusieurs semaines de résidence de création. Selon le synopsis, un couple se retrouve à gérer la disparition datant de trois jours de leur fille unique Liny. Dans cette attente, des confessions commencent à se faire, des cadavres sortent du placard. Chacun est mis à nu. Le père ayant désisté, la mère s’étant retrouvée seule parfois face à des situations familiales a dû faire des choix qui finiront par coûter la vie à leur fille adolescente. Liny déjà avec son jeune âge est devenue l’adulte dans la famille, elle voit et pressent tout, mais à chaque fois qu’elle l’ouvre, ses propos ne sont jamais pris en considération. Elle voit le mal venir, mais hélas! A qui la faute ? Sous des jeux de lumière, le décor renvoie à une dispute de couple dans laquelle tension, mépris, colère et vengeance s’entremêlent. Dans l’attente d’information, le père et la mère de Liny, chacun dans son coin, se jettent la responsabilité. La femme a des choses à reprocher à son homme, toujours absent. L’homme, qui pense combler son absence par une surprotection de l’enfant, a des reproches sur l’éducation donnée par la mère. Chaque parent y va de son profit. Dans ce manque de communication, un drame se joue. Liny se faisait fréquemment violer sous leur propre toit. Enceinte, elle décide de disparaître pour avorter. Et le drame survint. Liny perdit la vie, dans un avortement clandestin.
Une pièce instructive…
Selon Nathalie Hounvo Yèkpè, « La faiseuse d’anges » met en exergue les femmes qui aident d’autres femmes à avorter tout en se disant que tous ces enfants ou fœtus sont devenus des anges. A ses dires, en dehors de dénoncer le manque de communication dans le couple, cette pièce montre aussi que les hommes ne sont pas insensibles comme les femmes le pensent. «C’est une pièce très provocatrice, j’avais envie de jeter un pavé dans la marre et je me disais ça pourrait ne pas être bien pris. J’ai été très surprise et je suis heureuse que les gens trouvent que ça peint nos réalités et ça pose des questions. Je ne suis pas là pour régler des problèmes mais j’amène les gens à se poser des questions sur des faits, sur nos comportements dans la vie » a conclu la metteuse en scène. A sa suite, le Directeur de l’espace culturel Le Centre, Berthold Hinkati, a fait comprendre que la pièce « La faiseuse d’anges » est un spectacle de grande facture qui peut circuler au Bénin et ailleurs. « C’est toujours bien de brosser ces sujets d’actualité pour informer et ça aiguise aussi la curiosité de certaines personnes à aller chercher cette loi sur l’avortement afin de la lire. Le Bénin est un pays de sauvegarde des traditions et des mœurs et quand on parle d’avortement, ils sont nombreux à opiner négativement sur la question» a conclu Berthold Hinkati. Il faut noter que la résidence a duré quelques semaines à Le Centre grâce au dispositif d’aide à la création de l’Institut français du Bénin.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)