Pendant trois mois, les pagnes tissés de la Cour du roi Agonglo sont exposés dans les locaux de l’espace culturel Le Centre. C’est le fruit d’une formation initiée au profit des artisans de l’Avptta en collaboration avec les ateliers de Design textile, Design industriel et architecture d’intérieur de l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles et l’École du patrimoine africain (Epa).
Pour les amoureux des pagnes tissés et des vêtements royaux, ils peuvent se rendre du 15 mars au 15 juin à l’espace Le Centre pour découvrir des échantillons des tissages réalisés par les artisans de la Cour royale du roi Agonglo grâce à l’exposition « Territoires tissés ». Il s’agit, entre autres, de Wolo, Ajigan, Logozokpa, Adjido, Klibibi, Sogbe, Devo, Likun, Donon, Hwen, Honfo, Sonoukoun, Affowê, Kansawou et Logozokpa Aklouzounon. Des tissages des artisans de l’Association pour la valorisation et la promotion du tissage traditionnel d’Abomey (Avptta) obtenus grâce à une formation qui leur a été dispensée depuis 2019 avec la collaboration des ateliers de Designs textile et industriel et architecture d’intérieur de l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre de Bruxelles et de l’École du patrimoine africain de Porto-Novo. Cette exposition porte non seulement, un nouveau regard sur les valeurs culturelles, techniques, patrimoniales et créatives véhiculées par la production du textile, mais aussi veut éclore, pour les populations, l’héritage culturel des tissus locaux longtemps délaissé, malgré les perspectives et la richesse qu’il constitue. À travers une diversité de pièces originales aux motifs uniques, « Territoires tissés » explore les différentes facettes du tissage et s’intéresse particulièrement à sa pratique par les artisans tout en y apportant innovation et créativité avec à la clé des photos, objets, documents et vidéos. Selon Constant Adonon, l’un des acteurs béninois intervenant dans le projet, aujourd’hui, dans un paysage fortement concurrentiel ou la fripe occidentale et les productions délocalisées, envahissent le Bénin, la consommation de tissus locaux périclite, entraîne la dévalorisation de l’activité traditionnelle du tissage et la précarité des artisans. « Tout est parti de la Cour royale du roi Agonglo où les tisserands dans leurs mono productions ignorent la richesse culturelle du roi qui a développé le tissage; ce qui crée des méventes. C’est la raison qui m’a poussé à engager une collaboration pour une formation des artisans », a-t-il expliqué. Il n’a pas manqué de préciser qu’in fine, le projet vise à inciter les populations à adopter les tissages royales; cela permettra de faire la promotion des tissus traditionnels. Présent au vernissage de l’exposition, le ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola a exprimé son admiration pour le travail abattu par les tisserands et qui concorde avec la vision du gouvernement de développer le secteur touristique. « Il s’agit du pagne tissé de chez nous avec lequel nous avons la possibilité de sauvegarder un patrimoine culturel de Danxomè. C’est cohérent que le gouvernement soit enthousiaste avec une exposition comme celle-ci au cours de laquelle les artisans ont pu perpétuer cette tradition et ce savoir-faire culturel des ancêtres », a-t-il conclu. « Territoires tissés » annonce une série d’expositions qui se tiendront à l’espace culturel Le Centre.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)