Doria Nondomè Kpobli, étudiante en Anglais à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), est une jeune polyvalente et déterminée. Styliste-modéliste par amour pour la mode, ses ambitions sportives l’ont amenée depuis le bas âge, dès le cours secondaire, à allier l’athlétisme à ses visions. Tout cela, à la discrétion de ses parents. Sa détermination et son sens d’engagement la créditent d’une belle carrière.
Concilier sport et études n’a jamais été chose facile. Jusqu’à preuve du contraire, aucun athlète n’a encore prouvé le contraire surtout dans un environnement où il n’est pas facile de partager, étant sur les bancs, sa vision sportive avec les parents. Si cela a toujours été ainsi, ce n’est pas la jeune Doria qui dira le contraire. En effet, depuis son jeune âge, l’athlétisme est la passion de Doria Kpobli, « Doréas » pour les intimes. « J’ai connu ce sport principalement en classe de 3ème en 2016. En ce temps, j’avais environ 15 ou 16 ans », informe Doria Kpobli, étudiante en anglais et styliste-modéliste. C’était une décision unilatérale qu’elle avait prise sans l’aval de ses parents. Un choix qui lui a ainsi valu une année scolaire. « J’avais commencé le sport en cachette parce que j’étais en classe d’examen, et les parents ne toléraient pas l’amusement. A force de continuer dans mes amusements, j’ai échoué au Bepc», a-t-elle confessé.
Une erreur rattrapée pour se racheter
Malgré cet échec, Doria Nondomè Kpobli n’a pas abandonné sa passion. Elle y croyait avec fermeté et espoir. Cette foi en elle-même, l’a poussée à redoubler d’effort dans ses études pour faire la fierté de ses parents. « L’année qui a suivi, la même classe de troisième était devenue plus facile pour moi parce que je me suis bien préparée pendant les vacances. J’ai alors eu un peu plus de facilité à exceller en classe et pouvoir être plus à l’aise sur le plan sportif puisque j’ai élaboré un planning que j’observais rigoureusement. J’ai continué mes séances d’entraînement toujours sans que les parents ne soient au courant. J’ai gardé en tête qu’il fallait leur ramener le diplôme pour lequel ils dépensent dans mes études. J’ai vite compris que c’était la clé pour leur faire admettre au moment opportun, mon ambition d’être athlète. Heureusement, j’ai décroché le fameux Bepc», s’est-elle réjouie. Elle redouble dès lors d’ardeur étant désormais licenciée de « Gazelles athlétique club de Cotonou » (Gacc). En 2017, avec son tout premier club, elle démarre une belle aventure athlétique alors qu’elle venait fraîchement d’obtenir son Brevet d’études du premier cycle (Bepc) au Groupe scolaire « Messagers » de Godomey Kanglouè. Tout se faisait toujours à la discrétion des parents. « Alors que j’étais en classe de seconde, j’ai remporté la course au 200 mètres et fini 2ème au 100 mètres dans la catégorie cadette au terme du championnat de ma ligue. J’étais bien heureuse car je suis ainsi apte pour la phase de sélection afin de pouvoir être choisie pour représenter ma ligue à la phase nationale du championnat. Ce serait une première dans ma vie de sportive. Néanmoins, il restait comment annoncer à mes parents, ce qui était pour moi, une bonne nouvelle», a confié l’athlète qui a été obligée de garder sa joie pour elle seule comme elle a toujours gardé secrètes, les nombreuses médailles qu’elle a remportées au terme de plusieurs compétitions. Consciente de ce qu’elle va finir par atteindre ses objectifs, elle a gardé en sourdine, ses prouesses. A la veille de la phase de sélection pour le championnat national d’athlétisme, ses entraîneurs ont pris l’initiative d’aller rencontrer ses géniteurs, Nathaniel Kpobli son père et sa mère, Edocie Hounkpatin. « Ce jour est resté sacré dans ma tête. C’est à cet instant que mes parents ont su que je faisais de l’athlétisme. Ils étaient surpris de la nouvelle, surtout ma tendre mère», a laissé entendre Doria. C’est alors le début d’une nouvelle aventure à la face de tout le monde. « Je suis sortie de l’ombre pour la lumière», a-t-elle révélé.
Le début d’une nouvelle histoire sans peur
Dès cet instant, l’étoile montante de l’athlétisme béninoise a commencé par bénéficier du soutien de son père même si pour sa mère, les études doivent être la priorité. Un premier objectif atteint. Malheureusement, Doria n’a pas eu une double victoire. Si elle est parvenue à obtenir le soutien de ses parents pour désormais vivre sa passion en toute liberté, elle n’a pas eu la chance de participer au championnat national où elle devrait prendre des expériences dans sa catégorie cadette. « J’ai été à la sélection mais, à ma grosse surprise, je n’ai pas été retenue pour participer à la phase finale du championnat national bien que j’ai gagné des courses. J’ai eu des regrets mais, je me suis dit que j’ai encore du temps devant moi pour réaliser assez de choses puisque j’étais toujours cadette», a-t-elle confiée. Elle a eu le réflexe de se faire le peu de moyen nécessaire pour sa pratique. Ce qui explique en partie, ses succès au cours de ces dernières années. Au quotidien, la jeune révélation qui ambitionne de révéler l’athlétisme béninois au monde, se bat à travers le travail acharné sur les pistes d’athlétisme de sa zone de résidence, Abomey-Calavi pour atteindre ses rêves. Ses efforts et son acharnement au travail lui ont d’ailleurs value une double médaille lors de la dernière édition des Jeux universitaires du Bénin (Jub) organisés à Savalou dès le début de cette année 2023, par l’Office béninoise du sport scolaire et universitaire (Obssu) où elle défendait le flambeau du « Ese-Uac ». Aux 100m (14’1’’) comme au saut en longueur, la jeune athlète normalement junior (U20), a fini vainqueur des médailles d’argent récompensant la 2ème place dans la catégorie senior. Des médailles qui accélèrent son engagement au travail pour de meilleures performances. Aujourd’hui à 13s09’’ au 100m et 25s03’’ au 200m, elle se bat pour corriger ses chronos.
Les études, une priorité malgré le sport
A côté de tout cela, ses études ne sont jamais lésées. A l’en croire, étudier tout en étant athlète de n’importe quelle catégorie, est souvent présenté comme un moyen de maintenir un bon équilibre de vie et de préparer son après-carrière sportive. Pour autant, cet engagement simultané l’expose à des défis bien plus exigeants que ceux auxquels sont confrontés les étudiants et étudiantes ou athlètes investis dans un seul rôle. A cet effet, elle exhorte ses paires passionnées du sport à se lancer des défis de planification et d’organisation pour réaliser leur rêve malgré les intempéries.
Estelle Vodounnou & Karol Sékou (Colls)