Apparue au Bénin dans les années 1800, la divinité ‘’Thron’’ encore appelée ‘’Thron Kpéto Deka Alafia’’ ou ‘’Alafia vodoun’’ qui signifie littéralement la divinité de paix ou ‘’Glo vodoun’’ est l’une des déités les plus répandues dans l’ancien Danhomey. La rédaction de votre journal « Le Matinal » est allée à la découverte de cette divinité.
Le « Thron » ou « Thron kpétô dékà alafia » ou encore « Glo vodoun ». Le choix de son appellation varie d’un adepte à un autre. De plus en plus adoré par les Béninois, le « Thron kpétô dékà alafia » comme beaucoup de ses fidèles aiment l’appeler est une divinité qui s’étend et devient progressivement une religion comme toutes les autres existantes au Bénin. Selon les informations, le vodoun « Thron kpétô dékà alafia » a quitté l’Arabie Saoudite. Il a ensuite été ramené au Ghana par Seydou Mama alias Adja Kuassi Toutouyatou, puis au Togo par le Hounnongan Togninviadji Agbahounzo Lanfio. Robert Mamavi est le tout premier prêtre, Hounnon de la divinité au Bénin. Après lui, la déité « Thron kpétô dékà alafia » a été transmise de génération en génération et s’est répandue jusque dans les contrées les plus reculées du pays. Hounnongan Dèdo Todomè est un prêtre du « Thron ». Il l’a hérité de son père depuis une dizaine d’années environ. A l’en croire, plusieurs raisons motivent les populations à devenir des adeptes du « Glo vodoun ». Au nombre de celles-ci, Hounnongan Dèdo Todomè a cité, entre autres, son pouvoir de protection contre les mauvais esprits, la sorcellerie ou autres maladies, sa capacité d’offrir le bonheur à celui qui respecte ses principes et la paix que la divinité prône. « Mon père était confronté à plusieurs difficultés liées à la sorcellerie dont le décès de plusieurs de ses enfants. Après mille et une consultations, il lui a été révélé de prendre le « Thron » avant de trouver satisfaction », a-t-il expliqué tout en ajoutant que c’est après cela que tout est rentré dans l’ordre. Au dire du prêtre, après le décès de son feu père, il a été choisi par le Fa pour le succéder.
Le vodoun « Thron », une divinité bienfaisante
A en croire le socio-anthropologue, Bertin Fassinou, à ce jour, des milliers de Béninois adorent le vodoun ‘’Thron kpéto deka’’ qui, selon eux, est une divinité qui fait assez de bien sans aucune contrepartie ; ce que confirme aussi Hounnongan Dèdo Todomè. « La divinité permet de se protéger et de mettre à l’abri spirituellement toute sa famille. Elle vous ouvre les portes de bonheur et vous fait grandir dans la société. Beaucoup de Béninois l’ont compris et l’ont choisi», a confié le prêtre. Néanmoins, tous ces bienfaits sont assujettis au strict respect des interdits prescrits par la divinité dont le fait de ne pas vouloir ou penser au mal de son prochain, avorter une grossesse ou faire prendre à la divinité ce qu’elle n’aime pas. C’est en cela que Hounnongan Dèdo Todomè explique qu’on n’utilise ni du sang des animaux ni des organes humains pour les diverses cérémonies. Le « Thron kpétô dékà alafia » étant un vodoun avec quelques spécificités, on n’a pas besoin de grand-chose pour les rituels ou pour l’invoquer. Il faut juste du kola, de la poudre, du parfum, de la bougie, de l’eau, des encens et autres. Au nombre des cérémonies, le vodoun Thron étant au carrefour du christianisme et de l’Islam, les adeptes se conforment aux prescriptions islamiques et aux dix commandements. Ils jeûnent pendant le mois de Ramadan, immolent les bêtes, prient régulièrement, ne mentent pas et ne volent pas. Serge dira que depuis qu’il a commencé par adorer le Glo vodoun, tout a changé dans sa vie. « Je suis en paix actuellement avec les maladies de mes enfants. Si quelque chose me surprend, il me suffit juste de prendre quelques colas, faire une consultation et faire les sacrifices », a-t-il indiqué. Comme toute société, une hiérarchie est aussi observée dans la communauté Thron. On note le Hounnongan, le Kponougan, le Kpindjigan, les Hounnons et les Tassinons. La femelle du vodoun « Thron kpétô dékà alafia » s’appelle « Nana Konfo ». Pour bien mener les diverses tâches qui lui sont confiées par ses adeptes, le vodoun se fait entourer d’autres entités telles que le « Bawungle Ketechi », le « Sakra Boni », le « Nana Blewa » et le « Zogbe ». Il peut aussi cohabiter avec d’autres divinités bienfaisantes comme elles dont le « Sakpata », le « Ogou », le « Tolègba » et le « Dan ». Lors des cérémonies, certains rythmes sont pratiqués par les adeptes dont le plus courant est le agbadja. Néanmoins, seuls les initiés ont le secret de l’exécution des rythmes affiliés au vodoun « Thron kpétô dékà alafia » et qui se pratiquent avec divers tambours.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)