Sortir les personnes déscolarisées et non scolarisées de l’analphabétisme et de l’ignorance, par la mobilisation de ressources au profit du sous-secteur, afin qu’elles contribuent au mieux à l’œuvre d’édification du Bénin, C’est la mission première du Fonds d’aide à l’alphabétisation et à la promotion des langues nationales. Un Fonds sous-tutelle du ministère des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle qui mérite d’être mieux soutenu par les Partenaires techniques et financiers et le gouvernement du Bénin au regard des enjeux de l’alphabétisation pour le développement durable et des chiffres dans le secteur.
« Au Bénin, le taux d’analphabétisme pour les personnes âgées de 24 ans et plus est de 65.6% sur le plan national et de 76,07% chez les femmes. Pour les personnes âgées de 15 ans et plus, la situation reste aussi préoccupante avec un taux national de 56.94% dont 67% de femmes. Aussi, observe-t-on des disparités par département et selon le genre. Les départements qui enregistrent les plus forts taux d’analphabétisme sont : Alibori 82,5%, Atacora 74%, Donga, 69,1%, Borgou 66,5%, Plateau 65,9%, Couffo 60,4%, Zou 59,2% et Collines 56,7% ». Ces précieuses données statistiques que nous tenons des services compétents de l’Insae (Principaux indicateurs sociodémographiques et économiques (Rgph-4, 2013), Insae, Fév. 2016) semblent laisser dans le cœur des acteurs et Partenaires techniques et financiers opérant dans le secteur de l’alphabétisation au Bénin un arrière-goût amer du faible engagement des parties prenantes à anoblir ce secteur. Parent pauvre de toutes les politiques publiques de développement au Bénin, le secteur de l’alphabétisation peine à décoller.
Des avantages liés à l’alphabétisation
Les avantages pour un peuple alphabétisé sont pourtant incommensurables à en croire les principaux acteurs de l’alphabétisation au Bénin. L’alphabétisation demeure un droit humain à la base de tout apprentissage. En garantissant l’accès à l’éducation, elle s’ancre véritablement comme un facteur de développement social. Elle autonomise les individus, les familles et les communautés, et améliore leur qualité de vie. Grâce à son «effet multiplicateur», l’alphabétisation contribue à éliminer la pauvreté, à réduire la mortalité infantile, à infléchir la croissance démographique, à atteindre l’égalité des sexes et à assurer le développement durable, la paix, l’interculturalité et la démocratie. Ceci revient à dire que l’ensemble des bienfaits que l’alphabétisme apporte aux individus, aux familles, aux communautés et aux nations, justifie que l’on reconnaisse l’alphabétisme comme un droit. Pour certains, l’alphabétisation est un appui pour l’éducation des enfants car, soutiennent-ils, les différentes statistiques montrent clairement que la scolarisation des enfants et leur suivi plus rapproché dans les ménages alphabétisés ont positivement impacté les performances scolaires de leurs enfants. L’alphabétisation et l’éducation sont indispensables à un développement équitable, global et durable, ont-ils poursuivi avant de déduire que les bienfaits de l’alphabétisation sur l’éducation sont incommensurables et nécessitent qu’on accorde plus de ressources à sa promotion. Pour d’autres encore, elle est un soutien à la santé. En effet, il a été démontré que l’alphabétisation constitue un point d’ancrage de la santé maternelle et infantile à travers la santé maternelle qui prend en compte tous les aspects de la santé de la femme de sa grossesse, à l’accouchement jusqu’ au postpartum. Selon les résultats d’une étude commanditée par le Réseau national des opérateurs privés en alphabétisation, (Renopal) en décembre 2019 par exemple, 26% des femmes alphabétisées ont adopté une planification familiale contre 19% pour le groupe témoin. Plusieurs considérations (croyances, influence des traditions et coutumes, pauvreté de la femme…) peuvent sous-tendre le refus d’adopter le planning familial. Cependant, l’influence des cours d’alphabétisation ne peut être négligée. Ainsi, les centres d’alphabétisation constituent un point de rencontre et d’échanges entre femmes et promoteurs. Des acteurs de l’alphabétisation rencontrés, tous les exemples sont bons pour prouver, montrer, démontrer et justifier la place de l’Alphabétisation dans une société en développement comme celle du Bénin. Outre ces deux précédents exemples, les données relatives à l’hygiène sont très assez éloquentes et soulignent, s’il en est besoin encore, l’influence de l’alphabétisation sur plusieurs de ses paramètres, notamment la gestion des ordures ménagères et des eaux usées dans les ménages alphabétisés.
Par ailleurs, des témoignages des apprenantes en alphabétisation, on retient essentiellement que les cours d’alphabétisation leur ont permis de renforcer leur connaissance et leur solidarité. Aussi arrivent-ils à faire de petits calculs, mais surtout à tenir leur propre comptabilité pour une vraie révolution dans leurs affaires. D’ailleurs, toutes les femmes anciennement alphabétisées en ont fait cas et recommandent de spécifier ce programme seulement au profit des femmes. Autrement dit, ‘’féminiser’’ le programme.
S’appuyant sur les déclarations du commissaire de l’Union Européenne pour l’Éducation, la Culture, le Multilinguisme, les Sports, les médias et la jeunesse Androulla Vassilliou pour qui « Si tous les enfants des pays pauvres pouvaient lire, la pauvreté dans le monde baisserait de 12 pour cent», les avant-gardistes de l’Alphabétisation au Bénin sont conscients de ce que l’alphabétisation peut bien induire le développement qualitatif durable d’une nation. En plus d’affecter les personnes analphabètes dans leur quotidien et de souvent hypothéquer leur avenir, l’analphabétisme affecte la société de façon importante au double plan social et économique.
Plaidoyer pour une attention plus accrue
Sans la capacité de lire, notamment dans les langues maternelles, il serait très difficile pour une personne n’ayant jamais mis pied dans une école classique ou non d’acquérir les connaissances et compétences indispensables à la réalisation des objectifs de développement durable. Rester en bonne santé et vivre plus longtemps, apprendre tout au long de la vie, avoir la maîtrise de son comportement reproductif, élever des enfants en bonne santé et leur donner de l’instruction. Voilà autant de bienfaits sociaux associés à l’amélioration des niveaux d’alphabétisme qui peuvent donc s’avérer très importants dans les politiques ambitieuses d’une Nation en voie de développement. Au demeurant, œuvrer pour la prise en compte de l’alphabétisation dans tous les programmes de développement revient à contribuer à l’atteinte des différents Odd. Ceci revêt une importance capitale au regard des efforts et autres financements alloués aux différents secteurs en lien avec les Odd. La passerelle est toute simple et ne souffre d’aucune ambiguïté.
Abdourhamane Touré