La deuxième session ordinaire de l’année 2023 a été au niveau de certaines Communes, l’occasion pour quelques conseillers d’exprimer leurs désaccords avec la gestion du maire ou encore de décrier le mode de gouvernance du Secrétaire exécutif. Une situation qui pour certains, est à mettre sous le coup de la réforme structurelle du secteur de la décentralisation qui semble ne pas être la bienvenue dans certaines Communes.
Si la tenue de la deuxième session ordinaire de l’année 2023 est passée comme une lettre à la poste dans plusieurs Communes et Municipalités, ce n’est pas le cas dans d’autres, où cette assise statutaire s’est heurtée à des boycotts ou à des rejets du rapport du maire en exercice. Ailleurs, on n’ose même pas prendre le risque au regard de la tension qui prévaut au sein du Conseil communal. C’est le cas de la Commune de Copargo où le maire est sur la braise. La procédure de défiance qui est engagée contre lui et validée par une majorité confortable de membres du Conseil communal, le met dans un inconfort sans précédent. Tombé en disgrâce et dos au mur, le sort de Ignace Ouorou ne tient désormais qu’à un fil. A Kandi, la session projetée pour le mardi 25 avril 2023 n’a pu se tenir en raison du boycott d’une frange de conseillers qui ont claqué la porte juste après l’ouverture. Aucun des points inscrits à l’ordre du jour n’a pu être débattu. Conséquence, la session est reportée sine die. Le boycott des conseillers a également été la raison qui a handicapé la tenue de la session dans les Communes Kérou et de Djakotomey. Dans ces deux Communes, les conseillers reprochent au Secrétaire exécutif de n’avoir pas respecté les délais légaux de transmission des documents administratifs. D’autres actes de gestion de Se sont mis en index par les conseillers communaux qui ont opté pour la politique de la chaise vide. La gestion du Se est également décriée à Savè où les conseillers se plaignent de ne pas avoir de moyens roulants pour remplir la mission qui leur est assignée. Face à la montée de la tension, le maire Denis Oba Chabi a dû user de son sens de médiation pour ramener le calme au sein du conseil communal et obtenir la tenue de la session. A Zagnanado, sur les neuf points inscrits à l’ordre du jour de la session, deux ont été rejetés dont le rapport d’activités du maire Justin Kanninkpo pour le compte du trimestre passé. Les conseillers reprochent au maire entre autres, de ne pas les associer à la prise des décisions engageant la Commune.
Le chien aboie, la caravane passe
L’avènement de la réforme structurelle du secteur de la décentralisation qui a pris ses marques le 1er avril 2022, a induit de profonds bouleversements au niveau de la gouvernance locale. Le retrait de certaines prérogatives entre temps dévolues au maire, a sensiblement restreint les marges de manœuvre de ce dernier qui depuis lors, est confiné dans son pré-carré, laissant le soin au Secrétaire exécutif de piloter le navire communal. Plutôt que d’agir en synergie et en parfaite symbiose, le maire et le Se entretiennent plutôt des rapports tendus dans plusieurs Communes. Les Secrétaires exécutifs sont vus d’un mauvais œil dans beaucoup de Communes pour avoir coupé certains avantages dont bénéficiaient les conseillers communaux. Cela amène ces derniers à remettre en cause la réforme qui selon eux, induit une stagnation des Communes dont la plupart peinent à amorcer un réel décollage. Evidemment, les cas isolés de bras de fer entre le Conseil communal et le maire ne sauraient amener à conclure à un échec de cette réforme qui a été appelée de tous les vœux. La réforme apparait en effet comme un acquis qui ne saurait être remise en cause. Les quelques problèmes observés çà et là s’apparentent à des quintes de toux inhérents à toute œuvre humaine. Quoique la pilule paraisse amère pour beaucoup, il serait aventureux de tabler sur les quelques mouvements de mécontentement observés pour revenir à l’ancienne formule. On pourrait à la limite trouver des aménagements à la réforme. Le chef de l’Etat, principal artisan de la réforme, n’est d’ailleurs pas de nature à céder ou à fléchir face à ces mouvements d’humeur. Les conseillers et les maires qui rêvent d’un éventuel rétropédalage ou d’un retour à la case départ, ont intérêt à sortir de leurs chimères pour intégrer la nouvelle donne.
Gabin Goubiyi