En gratifiant les Aspirants aux métiers d’enseignant (Ame) d’une avance d’un mois sur salaire et en réaffirmant sa détermination à respecter les autres engagements pris devant les travailleurs, le gouvernement coupe l’herbe sous le pied des abonnés à la grève.
En attendant que des décisions soient prises d’ici à quelques semaines, le gouvernement a accordé aux Aspirants aux métiers d’enseignant (Ame) une avance d’un mois sur salaire dès ce mois de septembre 2022. Cette mesure hautement sociale vient s’ajouter aux autres engagements pris par le président Patrice Talon, sans attendre aucune menace de quelque syndicat que ce soit : la revalorisation des salaires, l’augmentation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) ainsi que la prise en compte d’autres préoccupations des Ame. Au nom du gouvernement, le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané et la ministre du Travail et de la fonction publique, Adidjatou Mathys, ont rencontré les représentants des syndicats le 8 septembre pour les écouter et pour leur porter ces informations. A partir de ces actes, les menaces de grève devraient s’estomper, faute d’arguments pour déserter les administrations. Devrait-il même y en avoir ? C’est le cas de rappeler que le président Patrice Talon n’avait attendu aucune menace de grève, lorsqu’à l’occasion de son message à la nation le 31 décembre 2021, il a annoncé la revalorisation des salaires des travailleurs en 2022. Et ce n’était pas le fruit d’une improvisation, dans la mesure où, cette réforme figure bien dans le Programme d’actions du gouvernement (Pag), 2021-2026. L’initiative de relever le Smig s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de cette réforme. Ainsi, le Smig qui n’a plus bougé depuis 2014 passera donc de 40 000 F Cfa à 52 000 FCfa, soit une augmentation de 30%. Au cours d’une rencontre entre le gouvernement, les représentants des syndicats et le patronat, le 26 avril 2022, un consensus a été trouvé autour de ce taux de relèvement, avec d’ailleurs, une obligation faite aux employeurs de souscrire une assurance maladie pour leurs salariés à faibles revenus, à compter du 1er janvier 2023. A l’occasion de la même rencontre, le chef de l’Etat a réitéré son engagement à revaloriser les salaires, d’abord, le point d’indice puis, une augmentation par catégorie, des plus bas aux salaires les plus élevés.
L’eau aussi est une priorité
Un tel niveau d’engagement ne devrait faire l’objet d’aucun doute. Mais, il faut bien continuer à donner de l’eau potable aux populations, notamment celles des localités les plus éloignées des grandes, où l’eau demeure de l’or. Il ne serait pas non plus compréhensible d’arrêter les précieux chantiers de construction d’infrastructures publiques comme les routes, afin de désenclaver toutes les régions du pays. Point n’est besoin de rappeler que les problèmes du secteur de la santé ne sauraient être relégués aux calendes grecques. Tous ces secteurs nécessitent beaucoup d’investissements, sans oublier l’avance qui vient d’être accordée aux Ame. Et comme chacun le sait, on ne partage que ce qu’on a produit comme ressource dans les proportions de ce qu’on possède. Cet exercice délicat oblige le gouvernement à exécuter le volet social du Pag, sans occulter l’orthodoxie requise. Toute grève dans un contexte comme celui-là serait mal venue. Au travail donc !
Gaston Lokossou (Coll)