Au Bénin, l’apiculture est une activité génératrice de revenus. Elle génère divers produits tels que le miel, la cire, le pollen, la propolis, la gelée royale, le venin d’abeilles, etc. dont l’utilisation aussi bien en alimentation qu’en thérapeutique est établie. Les utilisations variées de ces produits par l’homme assurent un bon marché et représentent un revenu d’appoint pour l’apiculteur. Avec ses potentialités économiques et les services écosystémiques qu’offre l’apiculture, elle est confrontée à d’énormes défis. Elle bénéficie de l’attention des gouvernants.
L’apiculture est l’élevage des abeilles pour l’obtention du miel et de divers autres produits. C’est une activité très ancienne qui reste répandue dans le monde entier. Le miel, un aliment de grande valeur nutritive, est le principal produit de l’apiculture. Selon le codex alimentarius, « le miel est la substance naturelle sucrée produite par les abeilles à partir du nectar de plantes ou à partir de sécrétions provenant de parties vivantes de plantes ou à partir d’excrétions d’insectes butineurs laissées sur les parties vivantes de plantes, que les abeilles butinent, transforment en les combinant avec des substances spécifiques qu’elles sécrètent elles-mêmes, déposent, déshydratent, emmagasinent et laissent affiner et mûrir dans les rayons de la ruche ». La production de miel joue un rôle important dans l’économie et le mode de vie du pays.
5565 apiculteurs dont 172 femmes
La filière apicole emploie un nombre important de personne. Selon le recensement national de l’agriculture de la direction de la statistique agricole d’octobre 2021, l’apiculture est un pan de la production animale qui occupe nombre de Béninois dans tous les départements du pays à l’exception du Littoral. Ce recensement a permis d’identifier 4 803 ménages pratiquant l’apiculture dont 193 sont dirigés par des femmes. Il a été dénombré, au cours du recensement, 5 565 apiculteurs dont 172 femmes. Avec un poids de 47,24%, le département de l’Atacora regroupe le plus grand nombre d’apiculteurs au Bénin. Il est suivi des départements du Plateau (12,92%), de l’Alibori (12,35%), de la Donga (11,14%) et du Borgou (7,51%). Par ailleurs, en termes de nombre de ruches, le Bénin en compte au total 25 536, soit une moyenne de 5 ruches par apiculteur. L’Atacora maintient la première place avec 11 707 ruches, suivi de l’Alibori (3791), de la Donga (2612), du Borgou (2498), du Plateau (2467) et des Collines (1109).
Gestion des gaz à effet de serre
Le Bénin ayant reconnu dans son document intitulé “la troisième communication” comme étant un pays émetteur, une terre où la capacité d’absorption des gaz à effet de serre de ces forêts est faible, et au regard des dispositions de l’Accord de Paris sur le Climat, l’intervention humaine à travers les poses des ruches dans les forêts, fait observer un acteur est tout à fait salutaire. Elle permet de sauver, non seulement les abeilles, mais aussi les forêts et leur biodiversité. Il cite son propre exemple. « Mon centre était un champ de coton lorsque je l’avais acheté en 1989. J’y ai fait installer quelques ruches et je l’ai mis en défens. En 2024, la forêt est bien reconstituée ». Or, qui dit coton, dit forcément déforestation et coupes anarchiques du bois. L’or blanc, tel qu’il est produit aujourd’hui au Bénin, figure en bonne position parmi les causes de la déforestation, surtout que le Bénin conserve depuis quelques années, dans la sous-région ouest-Africaine, la première place en matière de production de cette culture de rente. L’Ong internationale Greenpeace, qui fait de la lutte contre la déforestation l’un de ses combats, considère que la déforestation sape la capacité des forêts à absorber le carbone de l’atmosphère. En effet, les forêts absorbent, chaque année, neuf (09) milliards de Co2, soit près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. La plupart des forêts béninoises, notamment celle de la Lama, dans la localité d’Allada, au sud-est de Cotonou, la capitale économique du Bénin, ont donc besoin de cette aide extérieure, que procurent les abeilles, pour jouer ce rôle crucial de régulation du climat. Comme les autres pays, le Bénin subit aussi les effets des changements climatiques. Son agriculture, ses ressources en eaux, ainsi que son littoral, sont confrontés aux effets du réchauffement climatique.
Une filière aux multiples défis
Selon Soumanou Raimi, le vrai problème auquel la filière est confrontée se situe au niveau des actes de vol et de vandalisme sur les ruches et les défis de formation. Ce qui fait que les acteurs de la filière apicole éprouvent des difficultés au dire de Soumanou Raimi, sont essentiellement les actes de vol et de vandalisme sur les ruches qui permettent à ces gens malintentionnés ou à leur réseau de vendre du miel partout et aux abords des voies publiques. Alors même que la législation en vigueur voudrait que toute denrée alimentaire fasse l’objet d’autorisation avant sa mise sur marché pour être vendu. Le souhait de cet acteur apicole est que des textes de loi soient votés pour interdire la vente du miel aux abords des voies à tout venant. « Ceux qui détruisent les ruches des apiculteurs font usage des moyens prohibés. Ils utilisent de l’insecticide pour pouvoir décimé les abeilles pour récolter le miel. Ce faisant, quelques gouttes d’insecticide peuvent tomber dans le miel et quand on le consomme, on se rend malade », se désole Soumanou Raimi qui a fait remarquer qu’en tuant systématiquement toute colonie (80.000 abeilles au moins), ces voleurs empêchent ces insectes de jouer convenablement leur rôle dans la suivie de l’humanité. Ces abeilles sont des pollinisateurs. «Si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans devant elle». Cette phrase du chercheur Albert Einstein qui réapparaît dès que la question de la surmortalité des abeilles est soulevée, a été rappelée par Soumanou Raimi pour insister sur leur rôle. Il propose la sécurisation des ruches par les moyens technologiques comme l’internet en plaçant des caméras de surveillance. Mais là encore tous les apiculteurs n’ont pas les moyens pour le faire. Mieux des zones restent encore non couvertes par la connexion internet. C’est pourquoi il demande aux gouvernants d’interdire dans les brefs délais la vente du miel au bord des voies. « Il ne suffit pas de détenir une ruche contenant des abeilles pour se déclarer apiculteur. Pour que la filière soit compétitive, on devrait avoir tous les maillons à savoir des équipementiers. On a un sérieux problème en ce qui concerne les équipements apicoles au Bénin. Nos artisans ne sont pas fins et cela fait qu’ils ont des difficultés à bien utiliser ces équipements de production et de transformation pour réussir pour atteindre les objectifs », a expliqué cet apiculteur. En dehors du financement, la prolifération des réseaux de fabrication du faux miel à base du sucre et certaines pratiques de commercialisation (manipulation multiples des produits dans des emballages sans garantie d’hygiène) constituent des entraves à la performance des chaînes de valeur du miel au Bénin. Avec les mesures prises par le gouvernement pour renforcer le secteur agricole, l’avenir s’annonce prometteur pour la filière apicole. Les capacités des producteurs vivriers en apiculture vont être renforcées afin de mieux les produits issus de l’apiculture.
Sergino Lokossou