Quand est-ce que la jeunesse aura-t-elle droit au chapitre au Parti du renouveau démocratique (Prd) ? Bien malin qui peut répondre à cette interrogation. Le 5ème congrès ordinaire du dimanche 19 décembre 2021 qui devrait en principe mettre les jeunes de la formation politique sous les feux de la rampe, n’a malheureusement pas comblé les attentes. Le président Adrien Houngbédji a été reconduit.
L’accession de la jeunesse à la présidence du Parti du renouveau démocratique (Prd) n’est visiblement pas pour demain. Le congrès d’alternance auquel tous les Béninois s’attendaient pour voir le président Adrien Houngbédji passer enfin le flambeau aux plus jeunes n’a pas comblé les attentes. Au terme de l’assise organisée à Porto-Novo dimanche dernier et qui a vu renouveler les instances dirigeantes du parti, le baron d’Adjina a préféré conserver son fauteuil douillet au bureau politique. La formule trouvée pour dribler une énième fois la jeunesse est le maintien du président Houngbédji à la tête de la formation politique pour la réconciliation avec d’anciens militants comme si c’est ce dernier seul qui a le monopole de la réconciliation. Le top de la conspiration qui prouve à suffisance que le passage de témoin à la jeune génération n’est pas pour demain a été donné dès l’ouverture des travaux du congrès. Tenez ! Prononçant son allocution d’ouverture des travaux, l’ex-président de l’Assemblée nationale a semblé montrer aux ténors et militants que l’heure de se retirer pour un repos bien mérité a sonné. Au même moment, le leader charismatique des Tchoco-Tchoco a entretenu une ambigüité qui présageait de sa reconduction à la tête du parti. « Il est temps que je me retire pour un repos auquel j’aspire du plus profond de mon être. Mais ce congrès n’est qu’un moment, une escale. Le bateau devra reprendre le large, bientôt, très bientôt ; pour affronter le mauvais temps, entendre les chants des sirènes, côtoyer les récifs et survivre. Serais-je bien inspiré de rester à quai et de le regarder partir ? Et si je montais de nouveau à bord, aurais-je encore la force de tenir le gouvernail ? Chers camarades, je n’ai pas de réponses à ces questionnements, il vous appartient d’en décider », a-t-il laissé choir. Ces propos de Me Adrien Houngbédji montraient déjà que l’alternance n’était pas possible à l’heure actuelle. Mais les incrédules ont continué de croire à un passage de témoin jusqu’à ce que la désillusion ne soit définitive. A l’issue des travaux du congrès, la décision de maintenir le septuagénaire à la tête du parti pour réconcilier la formation politique avec les militants démissionnaires a été prise. Le hold-up contre la jeunesse est ainsi parfait. Il revient à cette dernière de lire à travers les lignes et de comprendre à travers ce refus d’alternance que son émergence n’est pas pour demain au sein du parti. Partir ou rester, les jeunes doivent prendre rapidement leur décision avant que cela ne soit trop tard. Augustin Ahouanvoébla, Badirou Aguêmon et Cie l’ont très tôt compris. Ils ont claqué la porte des Tchoco-Tchoco et se la coulent douce aujourd’hui dans l’Union progressiste (Up), la première force politique actuelle du Bénin. Charlemagne Honfo et autres qui sont restés malgré tout et qui ont leur avenir politique encore devant eux doivent tirer les conclusions qu’il faut au lieu d’espérer vainement une hypothétique “remontada” qui n’arrivera jamais. Le plus tôt serait le mieux.
A.T