Le dimanche 19 décembre 2021, le Parti du renouveau démocratique (Prd) a tenu son 5ème congrès ordinaire. A l’analyse de faits et gestes de cette activité politique statutaire, il se révèle que le parti engage son avenir politique dans une résilience aveugle malgré toutes les conditions qui l’assignent à baisser pavillon. Un choix très risqué pour son avenir.
Le Prd n’a pas encore compris la portée de la réforme du système partisan au Bénin ou du moins, veut jouer au vieux parti politique résilient. C’est l’image que projette le dernier congrès ordinaire tenu dimanche avec tintamarre, qui n’est que le reflet d’un animal féroce agonisant. Cette messe politique qui devrait mieux orienter le parti sur la nécessité d’être en adéquation avec le paysage politique en profonde mutation depuis quatre ans, s’est plutôt totalement écartée de cette logique. L’activité passée au scanner prouve à suffisance que le parti l’arc-en-ciel se montre très réfractaire à l’esprit de fusion prôné par le nouveau code électoral et désiré par le chantre de la rupture qu’il prétend soutenir. Dans les actes et faits, les Tchoco-Tchoco s’emploient à faire une remontada à partir des élections législatives de 2023. Une ambition légitime pour tout parti politique. Mais pour le parti de l’arc-en-ciel, il est de notoriété publique que ce sera un véritable miracle d’avoir même un député à l’Assemblée nationale, s’il ne se fond dans l’un des regroupements politiques qui semblent avoir de l’avance. Une vision qu’il ne partage pas, même en toute conscience. Le discours de Me Adrien Houngbédji, bien que feutré sur la question, laisse comprendre que le repositionnement sur l’échiquier politique des rejetons de Moucharafou Gbadamassi se fera en cavalier solitaire. « Je ne parlerai pas du passé que pour en retenir les leçons essentielles. Ce qui m’importe en effet, ce sont les perspectives que nous tracerons, conscient que le contexte est difficile ; conscients que nos concurrents sont aux aguets, plus outillées que jamais ; conscients enfin que la période qui s’ouvre au lendemain de ce congrès est une période de compétition préélectorale, puis électorale, nous n’aurons donc pas de répit au sortir de ce congrès. La remontada n’est pas une incantation magique, encore moins une fatalité. C’est une dynamique d’une conviction, une dynamique propulsée dans l’action après analyse et réflexion, pour reprendre sur l’échiquier politique et dans les institutions, les places qui nous reviennent. Nous le voulons parce que nous le pouvons; forts de notre cohésion; forts de notre capacité de travail», a déclaré avec fierté l’ancien premier ministre de Mathieu Kérékou. Au fond, ce sont des propos masochistes. Comment l’on peut se plaire à végéter dans une situation piteuse qui ronge l’existence? Quelle élégance ou ingéniosité politique! C’est vraiment ahurissant que le Prd, conscient de l’enjeu et de la présence des mastodontes, s’obstine à jouer à un héros incompréhensible. Il suffit de faire aujourd’hui un sondage sur l’ancrage du parti pour se rendre compte qu’il n’a, à son actif, que de squelettiques militants dans l’Ouémé, restés fidèles parce que c’est désormais la mouvance présidentielle. Le poids-plume dont il se targue pour jouer au petit numéro de rebelle n’est pas capable de lui donner les 10% des suffrages exprimés même dans l’Ouémé considéré comme son fief originel, si l’on vient dans les circonscriptions. Les dernières élections législatives et municipales sont des preuves irréfutables de cette descente aux enfers.
Le rêve utopique d’une remontada solitaire
Il n’est pas question de consulter un oracle pour sentir venir la fin du Prd, à moins qu’on soit dans du chauvinisme. « Notre spécificité et notre singularité par rapport aux autres partis, c’est que nous avons une histoire collective vieille de plusieurs décennies, vieille de plus de 30 ans », a laissé entendre le numéro 1 des Tchoco-Tchoco. A le suivre, l’on se demande quelle est la plus-value de l’expérience politique du Prd quand il se recroqueville sur lui-même. La petite chose demandée pour exister est de se transformer dans le renouvellement de l’esprit à la sphère politique actuelle. Mais leur faire entendre raison demeure extraordinaire. C’est comme un chien qui veut se perdre. Il n’entend plus les sifflotements de son maître. Gagner une bataille n’est pas gagner une guerre. Les échéances prochaines sont dans un autre contexte et il faut se mettre ensemble pour être plus fort. Ce ne sont pas des individualités isolées qui feront l’affaire. « Tout au long de son parcours, le Prd a été confronté à toutes formes d’oppression, sous tous les régimes qui se sont succédé; non pas que nous ayons violé la loi, troublé l’ordre public, pillés, incendiés, assassinés, cassées les routes. Mais simplement parce que, forts de notre idéal, nous avons voulu préserver notre identité », a dit le président en oubliant que c’est en voulant garder l’identité que le parti a essuyé les revers de la réforme du système partisan entretemps. Qu’il vous souvienne qu’au début de la réforme, une mise ensemble était envisagée. Dans les discussions, le parti a voulu conserver son logo, pomme de discorde de la fusion. Conséquence, l’acte n’a pas eu lieu et le parti a perdu des plumes. Malgré cela, on tient dur comme fer à une identité qui n’a pas de résultat efficace et efficient. Qu’est-ce que ça coûte de se confondre aux autres pour continuer d’exister? Avec cette posture conservatrice, la remontada ne sera qu’un vœu. Le temps mettra chacun à sa place.
Bienvenue Agbassagan