Encore quelques jours et bienvenue 2024. Au Bénin, le secteur de la santé a été marqué en 2023 par le lancement de la Politique nationale de santé communautaire, le démarrage de l’installation des équipements du Centre hospitalier international de Calavi (Chic) et le recrutement de plusieurs profils pour le compte du ministère de la Santé.
Le Bénin dispose désormais d’une Politique nationale de santé communautaire. Resté à l’étape théorique pendant des années, le projet est passé à sa phase de concrétisation au cours de l’année qui s’achève. A Nikki le 9 juin 2023, le gouvernement du président Patrice Talon a lancé officiellement la Politique. L’événement a connu la présence du ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin et de sa collègue du Numérique et de la digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou. Avec cette initiative, le Bénin façonne au mieux sa vision de santé communautaire en axant sa politique sur la prévention et la promotion de la santé ainsi que la mise en place d’un dispositif permanent d’alerte en milieu communautaire. La Commune de Nikki a marqué ainsi le point de départ de cette vaste action qui place davantage l’homme au cœur des priorités de santé. Six Communes sont retenues pour le compte de la première phase. Il s’agit de Nikki, Kalalé, Banikoara, Bembèrèkè, Sinendé et Malanville. Au total, 1500 relais communautaires et 37 agents de santé communautaires qualifiés sont déployés pour la mise en œuvre de cette politique innovante. Un relai communautaire a à sa charge en moyenne 200 ménages. Il a pour mission de visiter tous les ménages de son aire de couverture au moins une fois par semaine pour détecter les problèmes de santé, conseiller et orienter, distribuer des intrants et produits de santé et aider à la référence des cas. L’agent de santé communautaire pour sa part, est sous la tutelle de la mairie. Il supervise tous les relais communautaires de son arrondissement, traite les cas usuels, oriente et réfère vers les structures de santé pour la prise en charge des problèmes de santé.
Démarrage de l’installation des équipements du Chic
Le Centre hospitalier international de Calavi (Chic) va démarrer ses activités au cours des premiers mois de 2024. Son ouverture officielle est annoncée pour le 1er avril 2024. Sur le terrain, les grands travaux sont achevés. Le plateau technique a commencé par être installé au grand bonheur des Béninois et Africains. Le plus grand hôpital en Afrique est érigé sur une superficie de 16 hectares. Le niveau de prise en charge sera assez élevé, ce qui a amené le gouvernement à prendre des mesures conséquentes. En effet, en sa séance du mercredi 12 juillet 2023, l’Exécutif a annoncé un partenariat avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (Ap-Hp) international qui accompagne déjà l’Etat béninois sur divers projets du secteur de la santé, en vue de l’assistance technique nécessaire. La contractualisation vise à garantir une préparation optimale de l’ouverture du Chic à travers le recrutement du personnel administratif, soignant et technique ainsi que la mise en place de l’équipe de gestion et un soutien technique à la gouvernance. Cela implique l’élaboration de documents de gestion et de parcours de soins, ainsi qu’un appui à l’équipe grâce à un jumelage avec le groupement hospitalier Paris-Sorbonne. Des pôles de compétences sont en train d’être mis en place pour donner corps à un collège de spécialistes à même d’exercer au sein de cet hôpital. Il s’agit des pôles de compétences en chirurgie cardiaque, en cardiologie conventionnelle et Orl, en oncologie et en ophtalmologie. Dans ce cadre, il est en train d’être mis en place une école de simulation pour former une pépinière de spécialistes aptes à exercer dans ce Centre. Le Centre hospitalier international de Calavi sera doté de 436 lits. Les travaux ont été lancés le 28 septembre 2020 pour un délai contractuel de 36 mois. En prélude au démarrage des activités de l’hôpital et pour optimiser l’infrastructure et sa bonne jouissance par les populations, l’Exécutif a autorisé au cours de sa séance hebdomadaire du mercredi 24 mai 2023, la réalisation d’un collecteur d’eau pluviale et l’aménagement des voies d’accès.
Plusieurs recrutements effectués
L’année qui s’achève a été marquée par un vaste recrutement d’agents pour régler un tant soit peu l’épineux problème de pénurie d’agents de santé dans les formations sanitaires. Ainsi, le mardi 11 avril 2023 à la Faculté des sciences de la santé (Fss), les ministres de la Santé, Benjamin Hounkpatin, du Travail et de la fonction publique, Adidjatou Mathys, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Yayi Ladékan, ont procédé au lancement du concours de recrutement de 30 internes des hôpitaux. Le concours vise à recruter 30 médecins ou étudiants en médecine qui sont entrés dans un circuit de 4 à 5 ans de formation pour devenir des spécialistes accomplis. A travers ce recrutement, le gouvernement ambitionne de créer une nouvelle génération d’élites dans le domaine de la médecine. A l’issue de leur formation, ces nouvelles recrues seront d’office des enseignants du supérieur. Avant ledit concours, un collège d’élites composé d’enseignants des universités de Cotonou et de Parakou a œuvré au sein d’un comité d’experts pour accompagner les impétrants à aborder ce concours qui est spécifique à bien d’égards. « Ce concours n’est pas comme les autres. Pendant une année, l’ensemble des candidats potentiels se prépare chaque semaine avec un comité de préparation composé des enseignants des universités de Cotonou et de Parakou qui leur apprend comment traiter les différentes questions de l’ensemble du curriculum de formation en science médicale. Durant un an, ils ont été préparés et aujourd’hui ils vont composer après avoir tiré au sort une des questions préparées », avait confié Benjamin Hounkpatin au lancement du concours. Le concours a comporté quatre épreuves théoriques dans quatre différents domaines et une question pratique. Ils étaient 45 candidats à plancher dans le cadre de ce concours qui s’est achevé le vendredi 14 avril 2023. En plus de ce concours de recrutement d’internes des hôpitaux, un autre concours a été lancé par le ministère de la Santé. Il s’agit de celui relatif à la sélection de 1116 agents dans le cadre du projet « Combler les écarts de la Banque islamique de développement ». Il fait suite à une décision du Conseil des ministres prise en juillet 2021 au cours duquel le gouvernement a voulu mettre en place un programme spécial d’immersion et de pré-insertion des jeunes professionnels nouvellement sortis des centres de formation. La phase écrite s’est déroulée le samedi 9 décembre 2023 au Collège d’enseignement général et au Lycée Mathieu Bouké de Parakou, au Collège d’enseignement général 1 d’Abomey, au Lycée technique Coulibaly de Cotonou et au Collège d’enseignement général 1 Sainte Rita de Cotonou. « Avec les réformes qui sont en cours dans le secteur, nous avons des besoins assez importants en ressources humaines qualifiées. Pour rappel, en 2016, nous étions à un ratio de 7,6 pour 10 000 populations alors que la norme au niveau de l’Oms est de 25 agents qualifiés pour 10 000 habitants. Le rapport est assez et c’est la raison pour laquelle depuis lors, le gouvernement s’est fixé comme objectif d’améliorer ce ratio. Cela se justifie par rapport aux nouveaux projets de construction qui sont en cours dans le pays dont l’Assurance maladie obligatoire qui est également en marche dans le pays. Pour ces deux projets, les besoins en ressources humaines deviennent de plus en plus importants. C’est donc pour répondre à ce besoin que ce concours qui cible les médecins généralistes, les aides-soignants, les sages-femmes et les infirmiers a été lancé », a expliqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé Pethos Akogbéto au lancement du concours. Pendant plus de quatre mois, les équipes du ministère de la Santé ont revu les phases qu’il faut pour une meilleure organisation du concours. Dans ce projet, le gouvernement a prévu un plan de sortie pour les recrues. « Il est prévu pour les agents qualifiés notamment les médecins et Ides qui vont travailler dans les centres de santé et les aides-soignants dans ce programme spécial, une épargne qui va leur permettre secondairement soit de poursuivre leurs études pour les médecins et paramédicaux qui veulent les poursuivre de spécialités ou carrément de s’installer en clientèle privée. Ceux qui voudront poursuivre leurs études vont recevoir l’appui du gouvernement parce qu’on a prévu des bourses d’accompagnement pour leur faciliter ces études de spécialité médicale », a ajouté le directeur de cabinet.
Une agence pour la maintenance hospitalière
Suite à la création de l’Agence nationale de la maintenance hospitalière (Anmh) par décret pris en Conseil des ministres le 14 juin 2023, les membres du Conseil d’administration ont été installés le 2 octobre 2023. A la cérémonie, le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin a exposé aux membres, les défis qui les attendent. « Nous envisageons une agence très forte avec trois pôles régionaux (au nord, au et au centre) comportant les ressources humaines les plus qualifiées dans tous les domaines d’expertise (électricité, froid, informatique etc.) avec des points focaux sur des secteurs sensibles au niveau des structures sanitaires qui ont pour mission de prévenir les pannes ou de faire rapidement le diagnostic lorsqu’elles surviennent et d’envoyer au niveau des pôles », a déclaré l’autorité ministérielle. Le premier gros challenge de ces cadres est donc de veiller à avoir au sein de l’Agence des hommes et femmes au parcours irréprochable. Le Conseil d’administration aura également pour mission d’adopter le budget, les plans stratégiques de développement de l’Agence, de contrôler la gestion du directeur général, d’arrêter les rapports d’activités, les états financiers ainsi que les plans de passation des marchés publics et autoriser les autres conventions d’importance passées par le directeur général. La présidente du Conseil d’administration a nom Nina Yolaine Glèlè Ahanhanzo. Adjokè Akintayo Tchangai, Samirath Bio Ningui, Sarah Kpénou et Djamal Gbian Tabé sont tous membres dudit Conseil.
Poursuite des missions de chirurgie cardiaque
Les missions de chirurgie cardiaque se sont poursuivies au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou du 15 au 24 septembre 2023. Il s’agissait de la dernière mission d’une série de 12. La consultation et la prise en charge des patients sélectionnés pour cette mission ont été gratuitement faites par des cardiologues béninois et français. Les bénéficiaires étaient les personnes malades du cœur. Ils devraient être âgés de 18 à 50 ans ou avoir 20 kg. Ceux qui sont âgés de plus de 50 ans ont été acceptés après une évaluation approfondie du rapport bénéfice et risques. La prise en charge a été gratuite. Il suffisait juste de se faire enregistrer. L’hospitalisation a couvert en moyenne 30 jours.
Serge Adanlao