(Les explications de leur responsable)
Les chauffeurs des départements Mono et du Couffo sont fâchés. Ils ne sont pas du tout en phase avec la deuxième saison de répression annoncée relativement aux infractions liées au Code de la route. En signe de protestation contre les nouvelles mesures annoncées, ils ont observé deux journées mortes les 29 et 30 avril dernier. Un mouvement qui s’est traduit par la paralysie des activités de transport. Le coordonnateur du syndicat des transports de la gare routière Azovê et secrétaire départementale Mono-Couffo, Radji Raïmi revient ici sur les tenants et aboutissements de ce mouvement de mécontentement.
Le Matinal : Dites-nous, qu’est ce qui sous-tend votre grève des 29 et 30 avril dernier ?
Radji Raïmi : Nous les chauffeurs, nous avons fait deux journées mortes. Déjà, je félicite le gouvernement du président Patrice Talon pour toutes ses actions dans le secteur du transport au Bénin. Cependant, les réformes actuelles du Code routier nous dépassent et nous mettent en difficulté.
Que reprochez-vous concrètement aux réformes ?
Je vais d’abord aborder les tarifs. On a réglementé les tarifs au Bénin depuis 1972. En ce temps, l’essence était à 150 FCfa jusqu’à aujourd’hui où l’essence est passée à 680 FCfa le litre, on ne connaît même pas ce que les passagers vont payer pour aller à leur destination.
Pourtant, vous modifiez souvent vos tarifs en fonction du prix de l’essence ?
En procédant ainsi, on est en train de violer la loi.
Qui viole la loi ?
Nous les chauffeurs, nous n’avons pas le droit de déterminer les tarifs. C’est le gouvernement qui a cette prérogative. C’est ce que la loi prescrit. Mais le gouvernement ne le fait pas. C’est ce qui occasionne les surcharges qu’on est en train de nous reprocher aujourd’hui. Un véhicule de cinq places a droit à embarquer cinq passagers aujourd’hui et les passagers pour quitter Azovê pour Cotonou. C’est ce que prescrivent les réformes et ce sera très difficile dans l’application. La difficulté, c’est qu’on va vous payer 3000 Fcfa x 4 ce qui fait 12000 FCfa. Alors que le litre d’essence coûte 680 FCfa. On paie au niveau des postes de péage. On a augmenté le prix de l’assurance, de la visite technique et on nous complète la Tvm. La réforme n’a visiblement pas tenu compte de ces aspects et c’est bien dommage.
Est-ce que vous avez exposé ces facteurs sus-évoqués aux autorités ?
Avec le temps que nous vivons, si jamais on s’approche de la mairie ou de la préfecture, ils ne vont jamais accepter de nous donner une autorisation. C’est pour cela que nous avons choisi nous-mêmes de faire deux journées mortes pour dire qu’on ne veut pas embarquer des passagers. Si les clients ne trouvent pas de moyens pour voyager, ils vont commencer par crier.
A la suite des journées mortes que vous avez décrétées, est ce que vous avez obtenu des résultats concrets ? Est-ce que les autorités se sont préoccupées de la situation ?
On ne les a pas averties, mais lorsqu’on était au bord de la route, il paraît qu’ils ont été mis au courant. Ils ont envoyé les commissaires vers nous et ils nous ont écoutés. Les commissaires nous ont dit de lutter pour nos droits. Ce qu’on est en train de demander est logique et ils ont bien compris la justesse de nos revendications parce que c’est eux qu’on envoie sur la voie pour nous arrêter. Ils nous ont dit que c’est ce qu’on leur a dit de faire qu’ils feront. Notre journée morte s’est basée sur trois choses. La première, c’est la surcharge, on peut revoir la formule. Ensuite, l’obligation du port de ceintures de sécurité pour les passagers de derrière. Les véhicules que nous utilisons ne sont pas des véhicules personnels. Nos véhicules n’ont pas de ceintures de derrière. Il n’y a pas de problème par rapport aux ceintures de devant mais pour ce qui est des ceintures de derrière, il serait difficile d’en tenir rigueur pour nos véhicules. La deuxième chose, c’est les tarifs. La troisième chose a rapport au chargement hors gabarit. On ne nous a pas expliqué comme la réforme l’entend. Généralement chez nous, le hors gabarit est un petit véhicule qui a transporté des bagages et qui n’arrive pas à deux mètres. Mais sur la route, les policiers nous arrêtent.
Après les deux journées mortes, qu’est-ce que vous envisagez d’autres comme actions ?
Après les deux jours, on voit que les clients qui ont véritablement souffert avant de trouver des taxis soutiennent notre action. Déjà il est annoncé que la phase 2 de la répression va débuter soit le 1er ou le 2 mai. Nous autres, on va voir lorsqu’ils vont commencer la deuxième phase, comment ils vont travailler. Le gouvernement ne va jamais nous dire que nous avons eu tort. Mais si jamais lors des contrôles, on voit qu’il n’y a plus de pression sur nous, ça signifie qu’ils ont compris la cause que nous défendons. Mais si ce n’est pas le cas, on avisera. Dans tous les cas, il sera difficile aux chauffeurs d’appliquer ces réformes.
Avez-vous un appel à lancer aux autorités ?
Aujourd’hui, on voit ce qui se passe même si vous écrivez à la mairie ou à la préfecture, ces papiers n’iront nulle part. Ils vont prendre ça et garder par devers eux. C’est pour cela que nous avons décidé de prendre nous-mêmes notre responsabilité. On s’est dit que quand il aura soulèvement, le président de la République sera au courant.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi