Qui va succéder à Louis Vlavonou à la tête du Parlement ? Voilà la question qui taraude les esprits à quelques encablures de l’installation de la nouvelle législature. Sur ce registre, quatre noms circulent au sein de l’opinion et celui qui tiendra le gouvernail de la neuvième législature pourrait émerger de ce quatuor même si le dernier mot revient au chef de l’Etat.
A quelques jours de l’installation de la neuvième législature, l’identité du prochain président de l’institution parlementaire demeure la grande inconnue. Au nombre des prétendants dont les noms reviennent le plus au-devant des pronostics, on peut citer Louis Vlavonou, l’actuel occupant du fauteuil. Face à lui, trois autres prétendants sérieux qui ne bouderaient certainement pas le plaisir de lui succéder au poste, si le chef d’orchestre n’en décide autrement. Dans le rang de ces personnalités qui lorgnent le poste très prisé de deuxième personnalité de l’Etat, on évoque les noms de Joseph Djogbénou, Victor Topanou et Gérard Gbénonchi. Au regard du profil des quatre personnalités en vue, il serait aventureux de végéter dans une certitude endurcie. Néanmoins, certains facteurs ou critères pourraient restreindre les chances de certains prétendants.
Sur ce registre, figure l’actuel président de l’institution parlementaire même s’il fait feu de tout bois pour rempiler.
Il n’est plus un secret que Louis Vlavonou a fait le job au point de décrocher des lauriers du chef de l’Etat. En effet, dans son discours prononcé le jeudi 12 janvier 2023, en réponse aux vœux à lui formulés par les institutions de la République, Patrice Talon laissait entendre en substance : « En effet, issue d’un contexte politique difficile, elle (la 8ème Législature ndlr) a néanmoins su se montrer à la hauteur des enjeux en prenant une part essentielle dans l’œuvre de redressement national que nous avons entreprise pour rompre avec nos tares, poser les jalons de la modernisation du pays, y impulser la bonne gouvernance, et réorganiser en conséquence le système politique. ». Une manière de dire un ultime merci à la législature finissante et à son président pour les bons et loyaux services rendus à la nation. Cette expression de gratitude à l’endroit du président de l’Assemblée nationale n’est pas, de l’avis de beaucoup d’observateurs, une façon de le reconduire dans les mêmes fonctions, quoique l’homme multiplie les opérations de charme et de communication pour appâter le boss qui reste l’incontestable maitre du jeu. Son bonus en récompense du travail abattu pourrait avoir été d’être reconduit député. Par ailleurs, la dynamique de renouvellement du personnel politique dans laquelle s’est inscrit le chef d’Etat reste un facteur majeur qui pourrait jouer contre Louis Vlavonou.
Topanou, un choix à risque ?
Son positionnement lors des Législatives ne laissait planer aucun doute sur la thèse selon laquelle, il avait une mission particulière à jouer au sein de la 9ème Législature. En dépit des récriminations et autres manœuvres politiques, la pilule est passée et l’homme qui visiblement, est dans les bonnes grâces du patron, est depuis quelques semaines, cité au rang des potentiels présidents du Parlement. Quoiqu’il en a le background et le profil, sa consécration à ce poste pourrait s’avérer risqué, voire suicidaire pour le chef de l’Etat vu que son étoffe d’universitaire prime sur celle d’acteur politique. Au regard de sa liberté de parole, caractéristique de sa trempe d’homme de droit et son penchant d’être « à ne pas se laisser faire », il risque d’être un mauvais élève et donc de décevoir les attentes. Or, il n’est plus un secret que la législature qui prendra ses marques dès le 12 février prochain, est une législature de transition vers le tournant décisif de 2026. Au regard de toutes ces considérations, le brillant professeur de droit pourrait être déclassé de la course au perchoir.
Joseph Djogbénou, des chances intactes mais…
Sa particularité est d’être un homme de confiance du président de la République. Sa fulgurante ascension politique, il la doit en effet à un certain Patrice Talon dont il a gagné la confiance et l’estime à l’aune de son assistance juridique à ses côtés. Son élection en 2015 comme député de l’Union fait la nation, son bref séjour au gouvernement, son passage à la Cour constitutionnelle et sa consécration à la tête de la plus grande formation politique du pays, le prédestinent à assumer la fonction et bien combler les attentes du patron. Cependant, il n’est plus un secret que l’homme est également cité dans la course au fauteuil présidentiel. Le faire président du Parlement, lui ferait prendre une large avance sur ses challengers de la mouvance présidentielle qui nourrissent les mêmes ambitions. Une situation qui pourrait instaurer des guéguerres internes qui risquent de fragiliser le rouleau compresseur de la majorité présidentielle. Par ailleurs, la piètre performance enregistrée par la liste qu’il a conduite lors des dernières élections législatives, constitue un point noir, un signal fort symptomatique d’un désaveu qui pourrait handicaper ses chances pour ce rêve et subséquemment l’écarter de la course au perchoir.
Gérard Gbénonchi, un profil idéal pour le job
Le deuxième vice-président du présidium de l’Union progressiste Le renouveau, tient bien sa place dans le quatuor de prétendants au perchoir de la neuvième législature. L’homme qui s’est abreuvé à l’ombre de Bruno Amoussou et en assume d’ailleurs l’héritage politique depuis le départ à la retraite du patriarche, est perçu comme l’un des meilleurs parlementaires des deux dernières législatures. Ses prises de position empreintes d’objectivité et de sagesse, son sens de modération et de management sont bien appréciés au sein de l’opinion. Autant d’atouts qui font du premier questeur de la Législature finissante, un homme idéal pour le perchoir. A cela, s’ajoutent les bons scores enregistrés par l’Union progressiste Le renouveau dans les 11ème et 12ème circonscriptions électorales à l’issue des Législatives du 8 janvier dernier. En effet, sur les 8 sièges en jeu au niveau des 2 circonscriptions cumulées, l’Union progressiste Le renouveau n’a concédé qu’un seul siège à l’adversaire. Une performance en récompense de laquelle, la consécration d’un fils du Couffo au poste de deuxième personnalité de l’Etat, ne serait que justice.
Gabin Goubiyi